(Atlanta) Une procureure de la Géorgie a annoncé mercredi qu’elle avait ouvert une enquête criminelle sur des « tentatives d’influencer » le scrutin de l’année dernière aux États-Unis, y compris l’appel du président Donald Trump qui demandait à un responsable de « trouver » suffisamment de votes pour annuler la victoire de Joe Biden dans cet État.

Lors de cet appel au secrétaire d’État de Géorgie, Brad Raffensperger, le 2 janvier, M. Trump affirme à plusieurs reprises que son interlocuteur peut modifier les résultats, alors certifiés, de l’élection présidentielle, ce que le secrétaire d’État refuse fermement. « Tout ce que je veux faire, c’est ceci : je veux juste trouver 11 780 votes », a déclaré M. Trump. « Parce que nous avons remporté l’État. »

Dans des lettres adressées à des responsables de l’État pour annoncer l’ouverture de son enquête, la procureure du district du comté de Fulton, Fani Willis, une démocrate élue à ce poste en novembre, n’a pas spécifiquement mentionné M. Trump. Mais l’ancien président est depuis vivement critiqué pour cet appel.

Le porte-parole de la procureure, Jeff DiSantis, a déclaré à l’Associated Press que s’il ne pouvait pas nommer les sujets visés par l’enquête, il a confirmé que l’appel à M. Raffensperger « en faisait partie ». Il a aussi confirmé que « les affaires rapportées au cours des dernières semaines sont celles qui font l’objet de l’enquête ».

Dans ses lettres aux autorités de l’État, la procureure Willis fait également remarquer que les responsables de la Géorgie « n’ont aucune raison de croire qu’ils sont la cible de cette enquête ».

Conservez les documents

Les lettres, envoyées au secrétaire d’État Raffensperger, au gouverneur Brian Kemp, au lieutenant-gouverneur et au procureur général, ordonnent à ces quatre responsables républicains de conserver tous les documents relatifs à l’élection de novembre, en particulier ceux qui peuvent contenir des preuves de tentatives d’influencer les responsables électoraux.

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Brad Raffensperger

Le conseiller principal de M. Trump, Jason Miller, a dénoncé cette annonce, affirmant que « le moment n’est pas fortuit, étant donné le procès en destitution d’aujourd’hui » à Washington. « Il s’agit simplement de la plus récente tentative des démocrates de marquer des points politiques en poursuivant leur chasse aux sorcières contre le président Trump — et tout le monde voit leur jeu », a soutenu M. Miller.

Noah Bookbinder, directeur exécutif de Citizens for Responsibility and Ethics, à Washington, a déclaré que son organisme de surveillance avait envoyé le mois dernier une plainte criminelle au bureau de la procureure Willis. On citait alors des lois que M. Trump semblait avoir enfreintes lors de son appel avec le secrétaire d’État Raffensperger. Le groupe a demandé à Me Willis d’ouvrir une enquête criminelle.

« La conduite de Trump viole non seulement la loi, mais aussi les fondements mêmes sur lesquels notre démocratie est construite », a écrit M. Bookbinder dans un communiqué envoyé par courriel. « Il a peut-être pu échapper à des accusations criminelles en tant que président, mais il n’est plus président. Nous félicitons la procureure Willis pour avoir lancé cette enquête et montré que personne n’est au-dessus de la loi. »

Les lettres de Mme Willis indiquent que l’enquête porte sur « des violations potentielles de la loi de la Géorgie qui interdit la sollicitation pour fraude électorale, la formulation de fausses déclarations aux autorités étatiques et locales, le complot, les manœuvres frauduleuses, la violation du serment d’office et toute implication dans des violences ou des menaces liées à l’administration des élections ».

La procureure Willis ajoute qu’elle demandera des assignations à un grand jury pour l’enquête lorsque le prochain grand jury du comté de Fulton se réunira en mars.

Plus tôt cette semaine, le bureau de M. Raffensperger a ouvert une enquête administrative après qu’un tiers a déposé une plainte alléguant que l’appel de M. Trump violait les lois de la Géorgie.