(Washington) La prise d’assaut du Capitole américain par les partisans du président Donald Trump s’est déroulée en direct à la télévision de façon spectaculaire mercredi, avec des images de militants armés dans la Chambre des représentants et des combats au corps à corps avec la police.

Les scènes de chaos et de peur au cœur de la démocratie américaine ont éclaté rapidement, mais plusieurs journalistes qui couvraient l’évènement se sont demandé si ces épisodes de violence étaient vraiment surprenants.

« Il est difficile de croire que ça se produit », a déclaré Wolf Blitzer de CNN. « C’est sans précédent, c’est dangereux et c’est tellement embarrassant pour les États-Unis d’Amérique. »

Les journalistes s’étaient rassemblés pour suivre le décompte des bulletins de vote du collège électoral par le Congrès afin de sceller la victoire du président élu Joe Biden, un évènement normalement de routine devenu chaotique par la contestation du vote par certains des alliés politiques de Donald Trump et par Donald Trump lui-même.

Alors que le débat se déroulait, l’attention des médias s’est déplacée vers l’extérieur du Congrès, où les partisans de Trump qui s’étaient rassemblés pour entendre le président parler de sa défaite ont commencé à affluer vers le Capitole. Ils ont gravi les marches du Capitole, où une personne tenait une pancarte indiquant « Battez-vous pour Trump ».

Après avoir pénétré dans le bâtiment, des images ont émergé de face-à-face armé à la Chambre alors que des politiciens se recroquevillaient derrière les bureaux et que des gens brisaient les fenêtres du Capitole et grimpaient les murs extérieurs. Newsmax, un média très à droite, a montré des images époustouflantes de la police et des émeutiers s’affrontant dans la rotonde du Capitole.

« La manifestation a dépassé le processus de certification du Collège électoral », a déclaré le journaliste de Fox News, Chad Pergram. « La sécurité ici au Capitole des États-Unis a échoué. »

Compte tenu du discours de Donald Trump, qui depuis deux mois accusent sans fondement qu’on lui a volé les élections, plusieurs journalistes ont soulevé des questions sur les raisons pour lesquelles les forces de l’ordre semblaient si mal préparées.

« Le choc que j’ai, c’est à quel point c’était facile », a déclaré Chuck Todd de NBC.

Alors que des images de personnes frappant sur une porte du Capitole étaient diffusées, le présentateur d’ABC News, George Stephanopoulos, a déclaré : « Ce n’est pas l’Ukraine, ce n’est pas la Biélorussie ».

Des débats ont eu lieu dans les salles de rédaction de tout le pays sur la terminologie à utiliser pour décrire les participants. Des manifestants ? Des émeutiers ? Une foule ? Jake Tapper de CNN a déclaré : « nous les appelons des terroristes. » Lester Holt de NBC a déclaré qu’« il y avait certains éléments d’une tentative de coup d’État ».

Norah O’Donnell de CBS News a mené une interview extraordinaire avec le leader de la minorité à la Chambre, Kevin McCarthy, le pressant de savoir s’il avait exhorté Donald Trump à faire quelque chose pour arrêter ses partisans et le confrontant pour savoir si les fausses allégations de fraude électorale généralisée avaient conduit à ce chaos.

« Je me demande simplement si quelqu’un va… appeler un chat un chat et je vous en donne l’opportunité maintenant », a déclaré Norah O’Donnell.

Joe Biden s’est adressé à la nation, suivi de Donald Trump. Le président a exhorté ses partisans à respecter les forces de l’ordre et à rentrer chez eux, mais a également déclaré qu’il les « aimait » et a répété les allégations de vol d’élections. Jake Tapper s’est demandé si CNN aurait même dû le diffuser.

Sur CNBC, Shepard Smith a ordonné que le message de Donald Trump soit arrêté. « Arrêtez la bande », a-t-il dit. « Ce n’est pas vrai et nous ne le diffusons pas. »

Abby Phillip de CNN a déclaré que les Américains devaient se demander si Donald Trump était même capable de diriger le pays pendant les deux prochaines semaines.

« Il incite à la violence contre le gouvernement lui-même, à l’anarchie, au vandalisme et il est aussi complètement absent de son travail principal, qui est de protéger ce pays », a-t-elle déclaré.

Alors même que le bâtiment était pris d’assaut, les partisans de Donald Trump dans les médias remettaient en question qui était responsable. Sur One America News Network, le présentateur Dan Ball a déclaré que la violence n’avait rien à voir avec les manifestations des droits civiques l’été dernier et a suggéré sans preuve que des « Antifas » s’étaient peut-être déguisés en partisans de Donald Trump pour prendre d’assaut le Capitole.

« Nous n’avons pas tous les faits », a-t-il déclaré.

Il y a eu des moments de tension pour les journalistes à l’extérieur du Capitole. Un journaliste de Fox News a demandé à un homme d’arrêter de bloquer sa caméra. Une équipe de l’Associated Press a vu son équipement volé et détruit.

Les profondes divisions de la nation se sont manifestées dans les médias avant même que les manifestants ne marchent sur le Capitole. Fox News Channel, Newsmax et OANN ont tous diffusé le discours du président mercredi en direct, même si le débat au Capitole commençait.

C’est lors de ce discours que Donald Trump a invité ses partisans à « marcher sur le Capitole ».

-Par The Associated Press