(Washington) Charles Lieber, éminent professeur de chimie à Harvard, a été reconnu coupable mardi par un tribunal fédéral de Boston d’avoir caché aux autorités ses liens avec un programme chinois suspecté par les États-Unis d’espionnage économique.

Ce professeur de 62 ans, ancien responsable du département de chimie de la prestigieuse université américaine, a ainsi « menti aux enquêteurs fédéraux et à Harvard pour tenter de dissimuler sa participation au programme chinois “1000 talents” », a affirmé dans un communiqué un procureur fédéral du secrétariat américain de la Justice, qui a porté l’affaire.

Ce programme « cherche à attirer (des experts) étrangers pour apporter leurs connaissances et leur expérience en Chine, et récompense souvent certains membres pour des vols de propriété intellectuelle », expliquait le ministère en juin 2020, lors de l’inculpation du professeur.

Selon l’accusation, ce spécialiste des nanotechnologies a également été payé « jusqu’à 50 000 dollars par mois » pendant trois ans par l’Institut de technologie de Wuhan, en Chine, en plus de 150 000 dollars de frais annuels et de 1,5 million de dollars pour avoir installé un laboratoire sur place.

« M. Lieber a exploité l’ouverture et la transparence de notre système académique », a regretté la police fédérale américaine, le FBI, qui l’avait arrêté en 2020.

Au terme d’un procès de six jours, il a été déclaré coupable d’avoir menti aux autorités fédérales, de n’avoir pas déclaré certains revenus et de n’avoir pas déclaré un compte bancaire à l’étranger, selon un document judiciaire.

Il n’avait pas déclaré les revenus de l’Institut de technologie de Wuhan au fisc américain en 2013 et 2014.

Sa condamnation sera connue plus tard, mais il risque plusieurs années de prison.

Sous l’administration Trump, le secrétariat américain de la Justice avait multiplié les enquêtes sur de possibles actes d’espionnage économique par la Chine, premier adversaire économique des États-Unis.

Charles Lieber est le scientifique le plus reconnu impliqué dans cette enquête, même s’il n’est pas directement accusé d’espionnage économique.