(Washington) Le gouvernement américain a annoncé lundi la nomination d’une « coordinatrice spéciale » pour « promouvoir le respect des droits humains » au Tibet ainsi qu’un « dialogue substantiel » entre la Chine et le Dalaï-Lama.

Fait symbolique, c’est l’actuelle sous-secrétaire d’État pour la démocratie et les droits humains, Uzra Zeya, qui sera chargée en outre des dossiers tibétains, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué.

« Elle va promouvoir un dialogue substantiel, sans condition préalable, entre le gouvernement de la République populaire de Chine et le dalaï-lama, ses représentants, ou les dirigeants tibétains démocratiquement élus, en soutien à un accord négocié sur le Tibet », a-t-il expliqué. « Elle va promouvoir le respect des droits humains et des libertés fondamentales des Tibétains, notamment leur liberté de religion ou de croyance, et soutiendra les efforts pour préserver leur héritage religieux, culturel, linguistique et historique particulier. »

Ce geste, portant sur une question sensible pour les autorités chinoises, risque de s’ajouter aux sujets de tensions déjà multiples entre les deux superpuissances mondiales.

Plus d’une soixantaine de membres démocrates et républicains du Congrès des États-Unis avaient appelé mi-décembre, dans une lettre, le président Joe Biden à rencontrer le dalaï-lama, chef spirituel tibétain, et à de pousser Pékin à reprendre le dialogue avec ses représentants — interrompu depuis douze ans.

Se concentrer sur le Tibet serait une « manifestation visible d’une diplomatie de principes qui accorde une place prioritaire aux droits humains et à la défense de la dignité humaine », estimaient-ils dans leur lettre commune.

Le manque d’intérêt de la Chine pour le dialogue conduit de nombreux observateurs à penser que Pékin attend la mort du dalaï-lama, âgé de 86 ans, espérant que le mouvement qu’il a initié pour défendre le Tibet s’effacera progressivement sans la figure de ce moine bouddhiste, devenu icône mondiale.

Pékin a célébré cette année le 70e anniversaire de ce qu’il appelle « la libération pacifique » du Tibet, lorsque l’armée du régime communiste s’est emparée du toit du monde après la fin de la guerre civile chinoise. Depuis 1951, les dirigeants chinois se flattent d’avoir éradiqué le servage et apporté infrastructures et développement économique à cette région autonome.  

Mais en 1959, le dalaï-lama s’enfuyait en exil en Inde après l’échec d’une émeute à Lhassa contre la présence chinoise. Ses partisans accusent la Chine d’avoir écrasé la culture tibétaine et sa religion en détruisant des milliers de temples et en organisant l’installation massive sur place d’immigrés hans (l’ethnie majoritaire).