(Washington) Des pasteurs afro-américains et icônes de la lutte pour les droits civiques ont manifesté jeudi devant le tribunal de Brunswick, dans le sud des États-Unis, où trois hommes blancs sont jugés pour le meurtre d’un joggeur noir.

Cette démonstration de force, organisée en réponse à des propos controversés d’un avocat de la défense, a illustré la dimension raciale du dossier que les parties tentent difficilement de tenir à l’écart du procès.

« Nous avons le devoir de nous exprimer quand nous voyons une injustice », a lancé Martin Luther King III, le fils du célèbre prix Nobel de la paix, qui s’était joint à des dizaines de pasteurs. « Nous allons continuer à venir jusqu’à ce que justice soit rendue ! », a-t-il promis.

PHOTO STEPHEN B. MORTON, ASSOCIATED PRESS

Martin Luther King III

« On a besoin de pasteurs pour prier et ramener un peu de raison dans cette situation inhumaine », a également dit à la foule le célèbre avocat Ben Crump, en dénonçant « le lynchage » d’Ahmaud Arbery.

Ce jeune homme noir de 25 ans a été pris en chasse et abattu en février 2020 par Gregory McMichael, son fils Travis et leur voisin William Bryan, alors qu’il courait dans un quartier résidentiel de Brunswick, en Géorgie.

Jugés pour meurtre, les trois hommes plaident non coupable, assurant l’avoir pris pour un cambrioleur et avoir agi en vertu d’une loi locale autorisant de simples citoyens à procéder à des arrestations.

Mais l’affaire a pris une dimension nationale, le nom d’Ahmaud Arbery résonnant dans toutes les manifestations du mouvement antiraciste Black Lives Matter (« Les vies noires comptent »).

Dans ce contexte, le révérend Al Sharpton, une figure de la communauté afro-américaine, était venu la semaine dernière soutenir les parents du joggeur.

L’avocat de William Bryan avait pris ombrage de sa présence. « Nous ne voulons pas que d’autres pasteurs noirs viennent ici », avait lancé Me Kevin Gough, l’accusant de vouloir influencer les jurés.

La manifestation de jeudi était une réponse à ses propos.  

Elle s’est tenue juste après que l’auteur des coups de feu mortels, Travis McMichael, 35 ans, eut livré sa version du drame. Il a raconté comment, avec son père, il avait rattrapé en camionnette Ahmaud Arbery.  

Il a assuré que le jeune homme avait refusé de lui répondre. « Il avait la mâchoire crispée, il semblait fou », « c’était évident qu’il allait m’attaquer », a-t-il dit, très ému avant d’assurer : « C’était une situation de vie ou de mort », sans pouvoir toutefois détailler de menace précise.

Ses co-accusés n’ont pas pris la parole et les avocats de la défense ont conclu leur présentation avec les témoignages de voisins inquiets de l’insécurité dans leur quartier.

Le procès reprendra lundi avec le réquisitoire des procureurs et la plaidoirie de la défense. Les douze jurés, dont un seul homme noir, se retireront ensuite pour délibérer.