(New York) Les policiers et les pompiers de New York n’auront bientôt plus d’autre choix que de se faire vacciner contre la COVID-19 pour continuer à servir, une décision qui risque de provoquer des remous, à l’image d’autres grandes villes américaines.

Après les enseignants et les soignants, tous les métiers des quelque 160 000 employés municipaux de New York seront concernés par une stricte obligation vaccinale à partir du 1er novembre, des policiers aux soldats du feu en passant par les éboueurs.

Mais le patron du principal syndicat de policiers de la ville (NYCPBA), Patrick Lynch, qui avait soutenu la campagne de réélection de Donald Trump à l’été 2020, a immédiatement promis d’attaquer en justice la décision du maire démocrate Bill de Blasio « pour protéger les libertés de nos membres », tout en rappelant qu’il ne s’opposait pas au vaccin.

Un scénario déjà observé dans d’autres grandes villes américaines.

À Chicago, le patron du syndicat de police a appelé ses 13 000 membres à désobéir aux ordres de la maire démocrate Lori Lightfoot, qui a imposé la vaccination ou des tests réguliers à la COVID-19 pour les forces de l’ordre. Dans la troisième ville des États-Unis, le syndicat espère remporter le bras de fer en montrant que les rues ont besoin de policiers, sur fond de hausse de la criminalité.

Un discours aussi entendu à Boston. « Le manque de personnel est la plus grande menace pour la sécurité publique aujourd’hui », a assuré lundi, lors d’une conférence de presse, le président de l’association des policiers de l’État du Massachusetts, Michael Cherven, en déplorant des effectifs déjà insuffisants, même s’il a convenu que 85 % des membres de son organisation étaient vaccinés.

Polémique

Depuis le début de la pandémie, la COVID-19 est la principale cause de décès « en service » des policiers aux États-Unis, avec 237 morts du coronavirus en 2021 contre 50 par armes à feu, sur un total de 369.

À New York, près de 71 % de tous les agents (55 000 dont près de 35 000 en uniforme) ont reçu au moins une dose de vaccin, a indiqué mercredi le département de police (NYPD) à l’AFP. Un chiffre bien en deçà du total de la population adulte de la ville (84 %) mais en hausse depuis septembre, quand il s’établissait à 61 % chez les policiers.

Dans ce contexte, une vidéo circulant depuis mardi sur les réseaux sociaux a fait naître une polémique : elle montre deux agents, un homme et une femme, repousser sans ménagement hors d’un quai de métro un homme qui leur demande de porter un masque, comme c’est la règle pour tous les passagers, policiers compris.

« Il n’y a aucune excuse. Nous valons mieux que ça », a déclaré mercredi lors d’une conférence de presse le patron du NYPD, Dermot Shea, en annonçant des procédures disciplinaires contre les deux policiers.

500 dollars

Jusqu’ici, les forces de l’ordre ou les pompiers new-yorkais avaient le choix entre le vaccin ou la présentation régulière d’un test négatif à la COVID-19. Pour justifier son changement de ligne, la mairie met en avant le fait que l’obligation stricte a fait grimper le taux de vaccinés à plus de 95 % chez les enseignants et les soignants de la ville.

Mise à genoux en 2020, avec ses images d’hôpitaux débordés et de morgues improvisées, la grande capitale culturelle et économique de l’est des États-Unis (près de 9 millions d’habitants) impose déjà le vaccin pour entrer dans les restaurants, cinémas, ou salles de gym, voire pour assister à des spectacles en extérieur.

Mais « il reste beaucoup d’employés de la ville qui ne sont pas vaccinés (environ 46 000 sur 160 000). Je veux les protéger. Je veux protéger leurs familles » et « toutes les personnes avec lesquelles ils sont en contact dans la ville », a assuré Bill de Blasio, sur CNN mercredi.

Pour motiver les plus hésitants, la mairie promet un bonus de 500 dollars sur leur fiche de paie pour les fonctionnaires qui recevront leur première dose avant le 29 octobre. Passé ce délai, les récalcitrants verront leur rémunération suspendue.

Seule exception, les surveillants pénitentiaires, pour qui l’obligation est repoussée au 1er décembre à cause des problèmes d’effectifs à la prison de Rikers Island, où la dégradation des conditions de détention est constamment pointée du doigt.

La vaccination obligatoire reste un sujet sensible aux États-Unis, entre démocrates et républicains. Au Texas, deuxième état le plus peuplé du pays avec 29 millions d’habitants, loin de l’imposer, le gouverneur républicain Greg Abbott a interdit à toutes les entités, y compris aux entreprises privées, d’exiger l’immunisation.