(Washington) Le ministre américain à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas a affirmé mercredi que les photos montrant des membres de la police aux frontières repoussant à cheval des migrants haïtiens à la frontière américano-mexicaine ne reflétaient pas l’identité des États-Unis ni l’action de l’ensemble de cette force.

Sur un cliché pris par un photographe employé par l’AFP, un garde-frontières à cheval attrape un homme par son t-shirt sur la rive américaine du Rio Grande, frontière naturelle entre les deux pays, près de Del Rio au Texas.  

PHOTO PAUL RATJE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un garde-frontières à cheval attrape un homme par son t-shirt sur la rive américaine du Rio Grande, frontière naturelle entre les deux pays, près de Del Rio au Texas, le 19 septembre 2021.

Sur un autre, il tient un groupe à distance en faisant tourner ses rênes, dans une posture menaçante, pour les forcer à rebrousser chemin vers le Mexique.

Ces images « ne reflètent pas ce que nous sommes en tant que pays ni ce qu’est la police aux frontières américaine », a assuré M. Mayorkas devant la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

Il a rappelé avoir ordonné l’ouverture d’une enquête et promis des résultats rapides, « d’ici quelques jours et non des semaines ».

La veille, il avait annoncé sur Twitter que les agents identifiés sur les photos avaient été affectés à des tâches administratives.

Ces clichés, qui ont fait le tour du monde, ont suscité un vif émoi aux États-Unis, jusqu’aux proches alliés du président Joe Biden.  

PHOTO JIM LO SCALZO, ASSOCIATED PRESS

Le secrétaire à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas a ordonné l’ouverture d’une enquête et promis des résultats rapides, « d’ici quelques jours et non des semaines ».

« Ces images vous donnent la nausée », a déclaré le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

La vice-présidente Kamala Harris les a jugées « horribles », estimant que « des êtres humains ne devraient jamais être traités d’une telle façon ».

Afflux

Pour certains, ces migrants sont assimilés à du bétail ou rappellent les traitements subis par des Afro-Américains de la part de la police montée, des gardiens de prison, ou des propriétaires d’esclaves.

Le gouvernement américain peine à gérer un afflux soudain et massif de milliers de migrants, dont de nombreux Haïtiens, qui se massent depuis quelques jours sous un pont dans la petite ville frontalière de Del Rio, au Texas.

Les autorités ont commencé à les renvoyer par avion dans leur pays, une décision également critiquée, car le petit pays des Caraïbes est plongé dans une crise politique, sécuritaire, et humanitaire.

« Nous avons un plan pour répondre » à cet afflux de migrants, a assuré M. Mayorkas. « Nous l’appliquons, cela prend du temps et nous commençons à en voir les résultats ».

Des milliers de personnes continuaient pourtant mercredi à traverser le Rio Grande pour tenter d’obtenir l’asile aux États-Unis.

Beaucoup d’Haïtiens ont fait le voyage vers les États-Unis depuis des pays d’Amérique du Sud où ils s’étaient installés après le terrible tremblement de terre de 2010 qui a ravagé le pays caribéen.

Un responsable colombien a indiqué mercredi que 19 000 migrants, en majorité des Haïtiens, étaient rassemblés dans le nord du pays, à la frontière avec le Panama, pour tenter une dangereuse traversée vers les États-Unis.

Des discussions sont aussi en cours avec des pays latino-américains, comme le Chili ou le Brésil, « pour voir s’ils accepteraient le retour d’Haïtiens qui viennent de ces pays », a dit Alejandro Mayorkas, qualifiant la situation de « compliquée ».

Même si le gouvernement américain répète aux candidats à l’exode que les frontières ne sont pas ouvertes, le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a accusé mercredi l’administration Biden et « l’aile gauche » démocrate d’encourager les migrants et de « tolérer une crise majeure de sécurité à la frontière ».