(Washington) La Maison-Blanche a annoncé lundi des assouplissements prochains aux restrictions sur les voyages internationaux par avion, mais a laissé en place l’interdiction controversée de traverser ses frontières terrestres, notamment avec le Canada.

L’administration de Joe Biden a annoncé lundi qu’à compter de novembre, la plupart des ressortissants adultes d’outre-mer devront être entièrement vaccinés contre la COVID-19 pour entrer aux États-Unis par avion. Par contre, les restrictions aux frontières terrestres avec le Canada et le Mexique, renouvelées tous les mois depuis 18 mois, ont été prolongées une nouvelle fois lundi, jusqu’au 21 octobre ; elles devaient expirer mardi.

L’annonce concernant les voyageurs aériens constitue la première indication claire que l’administration Biden se prépare à assouplir la mosaïque de restrictions de voyage qui avaient été imposées en mars 2020, au tout début de la pandémie, lorsque Donald Trump était président. Mais le maintien de l’interdiction pour les voyages terrestres dits « non essentiels » en provenance du Canada et du Mexique, maintenant prolongée pour un 19e mois, est apparu à certains comme une gifle.

« Les Canadiens doivent en avoir ras le bol, et on peut les comprendre », a déclaré lundi Brian Higgins, représentant démocrate de l’État de New York au Congrès américain. M. Higgins, de Buffalo, juste de l’autre côté de la frontière, critique depuis longtemps au Capitole les restrictions de voyage qui touchent le Canada.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LAPRESSE

Les restrictions aux frontières terrestres, renouvelées tous les mois depuis leur première imposition il y a 18 mois, ont été prolongées une nouvelle fois par les États-Unis jusqu’au 21 octobre ; elles devaient expirer mardi. Ci-haut, le poste frontière américain près de Lacolle, au Québec.

Selon lui, le maintien de cette interdiction sape la confiance des Américains dans la vaccination. « La Maison-Blanche est en conflit avec elle-même et en conflit avec la science qu’elle soutient », a déclaré M. Higgins en entrevue. « Leur légitimité et leur crédibilité sur cette question ont pris un dur coup, à juste titre. La Maison-Blanche n’est pas conséquente. »

Les nouvelles règles remplacent les interdictions de voyager de l’ère Trump, qui limitaient les visites aux États-Unis à ceux qui s’étaient récemment rendus au Royaume-Uni, dans l’Union européenne, en Chine, en Inde, en Iran, en Irlande, au Brésil et en Afrique du Sud. Les passagers devront présenter une preuve de vaccination avant l’embarquement, ainsi qu’un test négatif de dépistage effectué au plus tard trois jours avant le départ.

À cet égard, les directives américaines sont similaires à celles que le Canada a commencé à imposer au cours de l’été – d’abord aux Canadiens qui rentraient au pays, puis aux visiteurs américains, et enfin, plus tôt ce mois-ci, à tous les ressortissants étrangers arrivant au Canada.

Et l’AstraZeneca ?

Les voyages en avion vers les États-Unis depuis le Canada n’ont jamais été restreints, et il n’est pas encore clair si les nouvelles règles de vaccination seront imposées aux passagers canadiens, lorsqu’elles entreront en vigueur en novembre. Les règles à la frontière canado-américaine ont également permis au commerce et aux travailleurs essentiels de se déplacer sans entrave entre les deux pays.

L’autre question brûlante est de savoir si les Canadiens qui ont reçu le vaccin Oxford-AstraZeneca, dont l’utilisation n’a jamais été approuvée aux États-Unis, passeront le test d’admissibilité à la frontière américaine. À Ottawa, les responsables assurent qu’ils font pression sur l’administration Biden pour garantir que ces Canadiens seront autorisés à entrer aux États-Unis.

Environ 3,9 millions de personnes au Canada ont eu droit à un « calendrier mixte » de vaccination, dont environ 1,4 million ont reçu une dose d’AstraZeneca, selon les données de l’Agence de la santé publique du Canada. Plus de 223 000 personnes sont entièrement vaccinées avec l’AstraZeneca.

Interrogée lundi sur les exigences spécifiques en matière de vaccins, ainsi que sur la question de savoir si et quand les restrictions aux frontières terrestres seraient modifiées ou assouplies, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a indiqué que « tout cela faisait partie du processus » de réflexion. « Nous n’avons pas de mises à jour ou de prévisions pour le moment, mais comme en témoigne notre annonce d’aujourd’hui, nous continuons évidemment d’examiner » comment les gens pourront se déplacer à nouveau d’un pays à l’autre, « y compris à nos frontières terrestres ».

Aux États-Unis, des exigences plus strictes en matière de dépistage et de quarantaine seront également mises en place pour les voyageurs aériens non vaccinés lorsque les nouvelles règles entreront en vigueur en novembre.

Les États-Unis sont donc clairement plus disposés à autoriser les voyageurs à entrer par voie aérienne que par voie terrestre, preuve de l’importance qu’ils accordent à la capacité des compagnies aériennes à gérer la lourde tâche de contrôler les voyageurs et de s’assurer qu’ils répondent aux exigences sanitaires nécessaires.

Un nouveau groupe de démocrates du Sénat américain ont écrit vendredi au président Biden pour l’exhorter à lever enfin l’interdiction. Mais il y a aussi la question de la frontière américano-mexicaine, où l’escalade de la crise migratoire complique les choses.