(Washington) Joe Biden a refait mercredi au président ukrainien Volodymyr Zelensky la promesse de le soutenir face à la Russie, tout en restant évasif sur la question très délicate de l’OTAN, que l’Ukraine voudrait rejoindre.

« Les États-Unis restent déterminés à soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine face à l’agression russe », a dit le président américain dans le bureau ovale, en recevant son homologue ukrainien.

La rencontre, initialement prévue lundi, a été repoussée deux fois, sur fond de conclusion douloureuse pour les États-Unis de la guerre en Afghanistan.  

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli sur les marches du Pentagone par le secrétaire d’État Lloyd Austin.

Le départ des derniers militaires américains a donné une autre dimension à la visite de M. Zelensky. La Chine comme la Russie ont été promptes à interpréter ce retrait désordonné comme une mise en garde pour les pays ayant tout misé sur le soutien militaire américain, comme l’Ukraine.

Le président ukrainien a lui estimé que les deux pays avaient « un très grand nombre » de sujets à discuter : la sécurité bien sûr, face aux séparatistes de Crimée, soutenus par Moscou.

Mais aussi le dossier de l’énergie. Kiev n’a guère apprécié que le président américain lève les sanctions contre le projet de gazoduc Nord Stream 2.

Gazoduc

Ce tuyau sous-marin qui est sur le point d’être achevé et passe sous la mer Baltique, reliera directement la Russie et l’Allemagne. Cela priverait l’Ukraine d’au moins 1,5 milliard de dollars par an qu’elle touche actuellement pour le transit du gaz russe par son territoire, et d’un outil de pression diplomatique.  

Joe Biden, qui estime que ce projet est allé trop loin pour être stoppé, a ensuite obtenu de l’Allemagne un engagement à soutenir la sécurité énergétique de l’Ukraine, ce qui n’a pas rassuré totalement M. Zelensky.  

A défaut de déboucher sur des annonces fracassantes, la visite est déjà une victoire de prestige pour le président ukrainien, qui n’est que le deuxième leader européen à être reçu à la Maison-Blanche, après Angela Merkel.

Au-delà de cette marque de faveur, le chef d’État ukrainien et son pays « ont reçu autant d’attention de cette administration, et peut-être même plus d’attention, que tout autre pays européen », a fait valoir un haut responsable de la Maison-Blanche.

Et le chef d’État ukrainien repart au minimum avec la promesse de 60 millions de dollars d’aide militaire supplémentaire, sous la forme en particulier de dispositifs de missiles antichars Javelin.

Le haut responsable de la Maison-Blanche a souligné que depuis 2014, les États-Unis avaient alloué 2,5 milliards de dollars d’aide aux forces armées ukrainiennes, dont plus de 400 millions rien qu’en 2021.

OTAN

Mais sur le sujet très délicat d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, M. Zelensky en a été pour ses frais.

« Je voudrais parler avec le président Biden de son opinion […] sur les chances qu’a l’Ukraine de rejoindre l’OTAN et sur le calendrier », a-t-il dit.

Une adhésion à l’OTAN, perspective qui ne fait guère l’unanimité en Europe, signifierait que les membres de l’alliance militaire seraient tenus d’intervenir en cas d’agression contre le pays.

Mercredi, Joe Biden a seulement redit face à la presse son « soutien aux aspirations atlantistes et européennes » de l’Ukraine, sans guère s’avancer.

Sa porte-parole Jen Psaki a dit lors d’un point presse que les États-Unis souhaitaient certes que « la porte de l’OTAN reste ouverte aux pays candidats, quand ces derniers sont prêts et en mesure de remplir les conditions » posées.

« L’Ukraine doit franchir des étapes » en ce sens et « sait très bien lesquelles : faire des efforts de réformes juridiques, moderniser son secteur de défense et doper sa croissance économique ».

Joe Biden a déjà appelé publiquement le président ukrainien à s’attaquer à la corruption.

Après le retrait d’Afghanistan, il y a fort à parier que les États-Unis vont se montrer encore plus sourcilleux sur la probité et la gouvernance des administrations qu’ils soutiennent.

La Maison-Blanche est en effet bombardée de questions depuis plusieurs semaines sur les milliards de dollars dépensés pour l’armée et le gouvernement afghans qui ont cédé le pays aux talibans sans combattre, ou à peine.