(Washington) Les États-Unis ont réquisitionné les avions de plusieurs compagnies aériennes privées afin d’aider à l’évacuation des personnes fuyant l’Afghanistan, a annoncé dimanche le ministère américain de la Défense.

Ces avions ne décolleront pas de l’aéroport de Kaboul, précise le Pentagone dans un communiqué, mais aideront à transporter les personnes ayant été évacuées vers des pays tiers, comme le Qatar ou les Émirats arabes unis.

« Nous avons besoin de plus d’avions pour les déplacer des points initiaux d’arrivée jusqu’aux lieux où ils vont s’établir à terme », a expliqué dimanche matin sur CBS le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

L’activation de ce programme, appelé CRAF, permettra « aux avions de l’armée de se concentrer sur les opérations à Kaboul », a précisé le Pentagone.  

Au total, 18 avions sont mobilisés, des compagnies American Airlines, Atlas Air, Delta Air Lines, Omni Air, Hawaiian Airlines, et United Airlines.  

Ce programme n’a été déclenché que deux fois par le passé, pendant la guerre du Golfe en 1990-91, puis en 2002-2003 durant l’invasion de l’Irak.

25 000 personnes évacuées

Depuis le 14 août, environ 25 100 personnes ont été évacuées d’Afghanistan à bord d’avions militaires américains et de pays alliés, selon la Maison-Blanche.

Mais une semaine après la prise du pouvoir par les talibans, des milliers de personnes tentaient encore dimanche de fuir le pays, et le chaos régnait toujours à l’aéroport de Kaboul.  

Environ 8000 personnes ont été évacuées ces dernières 24 heures, a souligné M. Blinken. « C’est extraordinaire. Ça n’arrive pas juste comme ça, une grande organisation a été nécessaire ».  

Il a précisé que les États-Unis avaient passé des accords avec « plus de deux douzaines de pays sur quatre continents pour aider à servir comme point de transit ou d’établissement ».  

Les États-Unis prévoient d’évacuer tous les Américains (entre 10 000 et 15 000 personnes selon certaines estimations), et espèrent pouvoir évacuer un maximum d’alliés afghans et leurs familles (entre 50 000 et 65 000 personnes).

Joe Biden doit s’exprimer dimanche après-midi depuis Washington sur les opérations d’évacuation – ainsi que sur la tempête Henri qui doit frapper le nord-est des États-Unis, selon la Maison-Blanche.  

« Menaces »

Le temps presse avant le 31 août, date fixée par l’administration de Joe Biden pour le retrait définitif des troupes américaines d’Afghanistan.

« Nous allons continuer […] de travailler aussi dur que possible pour faire sortir autant de gens que possible », a déclaré dimanche matin sur ABC le chef du Pentagone Lloyd Austin, se disant incapable de fournir un « chiffre exact ».  

PHOTO OLIVIER DOULIERY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

« Nous allons continuer […] de travailler aussi dur que possible pour faire sortir autant de gens que possible », a déclaré dimanche matin sur ABC le chef du Pentagone Lloyd Austin

« Nous allons chercher à surpasser les attentes, et […] prendre en charge autant de gens que possible, pendant aussi longtemps que possible », a-t-il déclaré.  

« Lorsque nous approcherons de la date limite, nous ferons une recommandation au président », a-t-il dit.  

Des critiques s’élèvent par ailleurs concernant le sort des Américains coincés en dehors de l’aéroport, alors que l’ambassade des États-Unis en Afghanistan les a exhortés samedi à éviter de s’y déplacer à cause de « potentielles menaces de sécurité ».

« Nous sommes en contact avec quelques milliers d’Américains, et nous travaillons dur pour planifier avec chacun d’eux et leurs familles une façon sûre de les mener à l’aéroport et de les faire sortir », a déclaré dimanche sur CNN le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.

Interrogé sur une possible menace terroriste de la part du groupe État islamique, il a estimé que celle-ci était « réelle, aiguë et persistante ».