(Los Angeles) Athlète olympique médaillé d’or et star de la téléréalité, l’icône transgenre Caitlyn Jenner ajoutera-t-elle à son CV le titre de gouverneure de Californie à la faveur d’un référendum organisé cet automne ? Sa campagne est lancée.  

Annoncée avec fracas, celle-ci a toutefois débuté par un évènement modeste à Venice près de Los Angeles où les tentes de centaines de SDF se dressent le long du front de mer, et où le trafic de drogue est visible par tous.  

« Nous sommes ici en raison du problème des sans-abri », explique la conservatrice Caitlyn Jenner, qui entend prendre la place du démocrate Gavin Newsom, à la tête de la Californie depuis 2019 et confronté à un référendum visant à le révoquer.  

C’est grâce à un référendum similaire que l’acteur Arnold Schwarzenegger avait été élu en 2003 à la tête de l’État le plus peuplé des États-Unis pour le compte du parti républicain.

La crise des sans-logis à Los Angeles ne se réglera pas simplement « en dépensant beaucoup d’argent », souligne Mme Jenner, 71 ans, devant la presse, réunie jeudi dans le jardin d’un immeuble.  

« Nous avons besoin de gens sur le terrain », répète-t-elle plusieurs fois sans donner plus de détails.  

Jean moulant et polo blanc, l’ex-compagnon de Kris Jenner, matriarche du clan Kardashian rendue célèbre par les émissions de télé-réalité, déambule dans les rues de Venice. Elle se fait tour à tour applaudir, interpellée et dévisagée par les passants.  

« Je ne savais même pas qu’elle était candidate au poste de gouverneure », lance un skater dans la vingtaine tandis qu’un homme marmonne qu’un « cadavre » gît quelques rues plus loin.  

« Réparer » l’État

Comme vingt autres États américains, la Californie autorise des électeurs mécontents à organiser un « scrutin de rappel » pour remplacer le gouverneur. Pour cela, il leur faut réunir les signatures d’au moins 12 % des votants de la précédente élection.

Ce seuil ayant été atteint, un référendum organisé le 14 septembre demandera aux électeurs s’ils veulent remplacer Gavin Newsom et si oui, par qui. Le candidat ayant le plus de voix l’emporte, même si cela représente un faible pourcentage.  

Âgé de seulement 53 ans, orateur consommé et physique de cinéma, M. Newsom considéré comme une étoile montante du parti démocrate, a été violemment critiqué pour sa gestion de la pandémie, les petits chefs d’entreprises lui reprochant notamment d’avoir imposé la fermeture de certains secteurs économiques.  

Caitlyn Jenner, qui a documenté sa transition en 2015 devant les caméras de télévision, est l’une des nombreuses figures républicaines cherchant à le détrôner, dans une course dominée par l’animateur de radio conservateur Larry Elder. Aucun démocrate d’envergure ne s’est encore manifesté.

Malgré son aura d’ancienne athlète ayant connu la gloire aux JO de Montréal en 1976 et son appartenance à la famille Kardashian, Mme Jenner n’a pas réussi à susciter un fort enthousiasme dans les sondages.  

La militante transgenre qui balaie les questions sur un potentiel lien entre ses récentes ambitions politiques et une nouvelle émission de téléréalité ou éventuel livre, assure vouloir « réparer » l’État dans lequel elle réside depuis 48 ans.

« Nous devons briser le cycle du clan politique qui dirige notre État et notre nation », martèle-t-elle.  

Pile de détritus

Suivie par des journalistes, Caitlyn Jenner arpente les rues de Venice, jonchées de piles de détritus où s’agitent des mouches, sans s’arrêter devant la tente d’Albert Martinez.  

L’homme de 53 ans n’a que faire du référendum, ce qui le préoccupe c’est de préserver de la chaleur ses médicaments contre le diabète et d’être en mesure de trouver des toilettes.  

« Nous avons peur qu’ils nous forcent à partir », explique M. Martinez assis sur une chaise de bureau en plein air, qui dit vivre dans cette ville depuis plus de 20 ans.  

Mme Jenner n’est pas non plus venue s’entretenir avec Colin McCabe, 64 ans, qui réside en Californie depuis 1978 et est devenu sans-abri il y a quelques années.  

« Si vous voulez résoudre des problèmes, vous devriez venir par ici (demander à la police) s’ils sont en possession d’une décision du tribunal » pour évacuer les SDF, dit cet Ecossais, pointant vers une zone récemment vidée de ses occupants.