(Washington) Les États-Unis vont redéployer des milliers de troupes à l’aéroport de Kaboul afin d’évacuer une partie du personnel de leur ambassade en Afghanistan, qui va être réduit face à l’avancée des talibans, a annoncé jeudi le département d’État américain.

« L’ambassade reste ouverte », « il ne s’agit pas d’une évacuation totale », a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, rappelant que le gouvernement américain avait commencé à rappeler une partie de son personnel de Kaboul en avril, lorsque le président Joe Biden avait annoncé le retrait de toutes les forces internationales d’Afghanistan — qui doit être terminé d’ici la fin du mois.

Mais « l’accélération des offensives militaires des talibans et la hausse de la violence et de l’instabilité qui en résulte à travers l’Afghanistan sont très préoccupantes », a-t-il estimé.

« En conséquence, nous réduisons encore davantage notre présence civile à Kaboul, à la lumière de l’évolution de la situation sécuritaire », a-t-il expliqué, évoquant une évacuation d’une partie des diplomates américains « dans les prochaines semaines ».

Il y a actuellement, avant cette nouvelle évacuation, 4200 personnes, américaines et non américaines, à l’ambassade, selon le département d’État, qui a refusé de préciser combien étaient appelées à quitter le pays.

« Afin de faciliter cette réduction, le ministère de la Défense va temporairement déployer des troupes supplémentaires à l’aéroport international », malgré la poursuite du retrait d’Afghanistan qui n’est pas remis en cause, a encore dit Ned Price.

« Il ne s’agit pas d’un réengagement militaire dans le conflit en Afghanistan », a-t-il assuré, tandis que le Pentagone a également affirmé qu’il n’utiliserait pas l’aéroport de Kaboul pour des frappes contre les talibans.

En tout, les États-Unis vont envoyer 3000 soldats à Kaboul pour sécuriser cette opération, qui rejoindront les 650 militaires américains encore présents en Afghanistan, a détaillé le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Quelque 3500 autres militaires seront envoyés au Koweït pour pouvoir être envoyés en renfort en cas de détérioration de la situation dans la capitale afghane.

Le Royaume-Uni a aussi annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à quitter l’Afghanistan.

Ned Price a refusé de confirmer ou démentir l’hypothèse d’un déménagement de l’ambassade des États-Unis auprès de l’aéroport de Kaboul, pour des raisons de sécurité, mentionnée par des médias américains.

Parallèlement, Washington va accélérer l’évacuation des interprètes et autres auxiliaires afghans de l’armée américaine, qui pourraient être menacés de représailles en cas de prise du pouvoir par les talibans, avec des vols qui vont devenir « quotidiens ».  

Au cours des deux dernières semaines, de premiers vols ont transporté aux États-Unis depuis l’Afghanistan 1200 de ces personnes et membres de leurs familles qui vont recevoir un visa d’immigration spécial. Leur nombre « va augmenter rapidement », a assuré Ned Price.  

Quelque 20 000 Afghans ayant travaillé pour l’armée américaine ont demandé à être accueillis aux États-Unis, a fait savoir la Maison-Blanche en juillet.

Ces évacuations d’Afghans ou d’Américains interviennent alors que les talibans, sourds aux avertissements diplomatiques des États-Unis et de la communauté internationale, continuent d’avancer à un rythme effréné. Ils se sont emparés jeudi de Hérat, la troisième ville du pays, après Ghazni, une autre capitale provinciale à 150 km au sud-ouest de Kaboul, se rapprochant dangereusement de la capitale.

Ned Price a martelé que les autorités américaines n’avaient « pas été prises au dépourvu » face aux offensives des insurgés.  

Il a aussi tenté de gommer l’impression d’une série d’évacuations qui sonneraient comme une résignation face à l’avancée rebelle.

« Cela ne doit pas être interprété comme un quelconque message aux talibans », a plaidé le porte-parole. Selon lui, « le message que les talibans doivent recevoir est vraiment celui qui vient de Doha », où les États-Unis et de nombreux autres pays, organisations internationales et acteurs régionaux ont dit ces derniers jours « d’une seule voix » qu’ils « ne reconnaîtront aucune entité qui tenterait de prendre l’Afghanistan par la force ».