(New York) Accusés d’avoir alimenté la crise des opioïdes qui ravage les États-Unis, le laboratoire Johnson & Johnson et trois gros distributeurs américains de médicaments ont accepté de payer 26 milliards US (32 milliards CAN) pour solder des milliers de litiges, a annoncé mercredi la procureure de l’État de New York.

Le laboratoire Johnson & Johnson a accepté de payer 5 milliards US (quelque 6 milliards CAN) sur neuf ans, et les distributeurs McKesson, Cardinal Health et AmerisourceBergen, 21 milliards US (26 milliards CAN) sur 18 ans, avec l’espoir de solder près de 4000 actions en justice intentées par des dizaines d’États américains et collectivités locales, dans le cadre d’une proposition d’accord à l’amiable « historique », a précisé la procureure.

La mise en œuvre de l’accord – qui doit permettre aux États et municipalités de financer les traitements rendus nécessaires par ce fléau – dépendra du nombre d’États américains qui l’accepteront : mercredi, en plus de l’État de New York, six autres États ont indiqué l’avoir accepté : la Caroline du Nord, le Connecticut, le Delaware, la Louisiane, la Pennsylvanie et le Tennessee.  

S’il se confirme, l’accord sera le plus important de l’épique bataille juridique engagée par les États et collectivités pour faire payer les entreprises accusées d’avoir produit et promu les médicaments opiacés, ou fermé les yeux sur leur surconsommation.

Un demi-million de morts par surdose

La crise des opioïdes, déclenchée par la promotion incisive et la surprescription de médicaments antidouleur entraînant une dépendance comme l’oxycodone, dans les années 1990, a fait plus de 500 000 morts par surdose aux États-Unis depuis 20 ans.  

Elle a généré un vaste marché de substances opioïdes illicites et très puissantes, comme le fentanyl, qui ont fait flamber le nombre de surdoses.  

Après un début d’amélioration juste avant la pandémie, le nombre de surdoses mortelles est reparti à la hausse en 2020 : plus de 93 000 personnes sont mortes, la plupart de surdoses liées aux opioïdes.

Johnson & Johnson avait annoncé un accord à l’amiable avec le seul État de New York fin juin, prévoyant qu’il verse à cet État 230 millions US (près de 285 millions CAN), après avoir cessé de produire et de vendre des substances opioïdes.  

D’autres laboratoires ont été attaqués en justice, qui ne sont pas associés à l’accord annoncé mercredi, dont Teva, Allergan ou Purdue, dont le médicament OxyContin est considéré comme l’un des premiers responsables de cette crise.

Les grandes chaînes de pharmacies américaines ne sont pas concernées non plus. L’accord ne devrait donc pas mettre fin aux litiges les concernant.