(Washington) L’espérance de vie des Américains s’est réduite d’un an et demi en 2020, plus forte chute depuis la Seconde Guerre mondiale, selon la principale agence fédérale de santé publique qui en attribue grandement la cause à la pandémie de COVID-19.

Cette tendance inquiétante est nettement accentuée pour les minorités ethniques noire et hispanique, selon les statistiques publiées mercredi par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

L’espérance de vie des Américains à la naissance est passée de 78,8 ans en 2019 à 77,3 ans en 2020. Cette durée de 77,3 années est la plus courte depuis 2003.

Pour les Afro-Américains, l’espérance de vie chute de 2,9 ans, de 74,7 ans en 2019 à 71,8 ans en 2020. Pour les Latinos, elle chute de trois ans, de 81,8 ans en 2019 à 78,8 ans en 2020.

Le plus fort déclin concerne les hommes d’origine hispanique, qui perdent 3,7 années d’espérance de vie à la naissance, une situation qui s’explique à 90 % par les ravages de la COVID-19.

Plus de 3,3 millions d’Américains sont morts l’an dernier, un nombre record dans l’histoire des États-Unis, la COVID-19 étant la cause d’environ 11 % de ces décès.

Les surdoses de fentanyl, l’autre fléau

Un autre facteur important est la hausse du nombre de morts par surdose médicamenteuse, une crise qui existait avant l’apparition du coronavirus, mais qui s’est aggravée : plus de 93 000 personnes sont mortes d’une surdose aux États-Unis en 2020, un niveau jamais atteint lié à une hausse de la consommation d’opioïdes pendant la pandémie.

De 2014 à 2018, l’espérance de vie aux États-Unis a baissé sous l’effet des surdoses d’opioïdes, en particulier les opioïdes de synthèse, comme le fentanyl.

Autre conclusion intéressante à tirer du rapport dévoilé mercredi par les CDC, l’agrandissement de l’écart d’espérance de vie des Américains à la naissance entre hommes et femmes, qui est passé de 5,1 ans en 2019 à 5,7 ans en 2020.

Dans le détail, l’espérance de vie féminine a chuté en un an de 81,4 à 80,2 ans. L’espérance de vie masculine est passée de 76,3 ans à 74,5 ans.

La géographie et le niveau de vie sont aussi en cause, l’espérance de vie ayant toujours varié beaucoup aux États-Unis selon les régions, comme le montrait une enquête du New York Times publiée en 2014.

Dans le comté de McDowell, en Virginie-Occidentale – un État appauvri par le déclin des mines de charbon –, l’espérance de vie moyenne des hommes et des femmes en 2014 était de 64 et de 73 ans, à peu près la même qu’en Irak ou en Birmanie la même année.

À 560 km de là, dans le comté de Fairfax, en Virginie – une banlieue prospère de Washington où habitent des fonctionnaires fédéraux –, l’espérance de vie moyenne des hommes et des femmes en 2014 était de 82 ans et de 85 ans, à peu près la même qu’en Suède.

— Avec La Presse