(Washington) Le président américain Joe Biden a apporté son soutien vendredi à une réforme de la justice militaire qui prévoit la création de procureurs spécialisés indépendants de la chaîne de commandement, chargés d’enquêter et de poursuivre les auteurs de violences sexuelles dans l’armée.

C’est l’une des principales recommandations d’une commission indépendante mise en place par le ministre américain de la Défense Lloyd Austin pour que ces crimes soient punis plus efficacement.

M. Austin a récemment affirmé qu’il coopérerait avec le Congrès pour amender le Code de justice militaire, en retirant les poursuites pour agressions sexuelles, violences conjugales et agressions sur mineurs de la chaîne de commandement militaire.

Cette proposition « est un pas dans la bonne direction qui n’a que trop tardé », a affirmé dans un communiqué M. Biden, afin de « montrer clairement que ces crimes ne seront pas minimisés ou pas pris en compte ».

Ces procureurs spéciaux, créés dans chaque branche de l’armée, remplaceront les commandants qui sont actuellement responsables des enquêtes et des éventuelles poursuites contre leurs subordonnés, un système qui peut provoquer des conflits d’intérêts selon ses détracteurs.

« 20 000 militaires subissent une agression sexuelle chaque année, moins de 8000 signalent cette agression et sur ce nombre, moins de 5000 demandent l’ouverture d’une enquête, et seule une petite partie entraîne une action de la justice militaire », a rappelé vendredi la présidente de la commission indépendante, Lynn Rosenthal, lors d’un point de presse.

La commission a conclu à « une forte connexion entre le harcèlement sexuel impuni […] et le mauvais climat au sein d’une unité », a-t-elle ajouté.

Selon la commission, la justice militaire américaine « n’est pas bien équipée pour s’occuper des crimes sensibles comme les agressions sexuelles et les violences conjugales ». La faute, selon elle, à « des juristes et des enquêteurs inexpérimentés, des défenseurs de victimes qui ont d’autres charges et l’absence presque totale de spécialistes de la prévention ».

Une dizaine d’officiers ont été limogés en décembre dernier après une série de meurtres sur une grande base militaire américaine, notamment Vanessa Guillen, une soldate de 20 ans disparue le 22 avril après avoir été victime de harcèlement sexuel.

La jeune militaire avait dit à sa famille qu’elle ne faisait pas confiance à sa hiérarchie pour assurer le suivi d’une plainte pour harcèlement sexuel, et ses proches avaient douté publiquement de la détermination de l’armée à enquêter sur sa disparition, jusqu’à ce que son corps démembré soit finalement découvert le 30 juin.