(Surfside et Washington) Six jours de recherches, douze morts et 149 personnes toujours portées disparues : les questions se faisaient de plus en plus pressantes mardi sur les causes de l’effondrement meurtrier d’un bâtiment à Surfside en Floride, où Joe Biden se rendra jeudi.

Accompagné de sa femme Jill Biden, le président américain entend remercier les équipes de secouristes « qui travaillent sans relâche et rencontrer les familles forcées d’endurer cette terrible tragédie », a précisé sa porte-parole, Jen Psaki.

Au moins 12 personnes sont mortes dans l’effondrement et 149 personnes sont portées disparues, a annoncé mardi soir la maire du comté de Miami-Dade, Daniella Levine Cava.

L’édifice de douze étages s’est effondré jeudi vers 1 h 20 du matin, provoquant l’une des plus graves catastrophes urbaines de l’histoire des États-Unis.

« C’était comme un séisme », a expliqué à l’AFP Janette Aguero, 46 ans, qui se trouvait au 11e étage de l’immeuble, côté rue, et qui a pu sortir du bâtiment.

L’attente paraît interminable dans cette petite ville de Floride, proche de Miami, où les nouvelles continuent de tomber au compte-gouttes.

Deux grandes grues sont utilisées pour retirer prudemment les débris. Les pompiers qui travaillent nuit et jour dans la chaleur et l’humidité sont épaulés par des technologies de recherches par l’image et par le son pour localiser des poches d’air où pourraient se trouver des personnes toujours en vie, même si l’espoir s’amenuise à mesure que les jours passent.

Plus de 1300 tonnes de béton ont déjà été fouillées, ont indiqué les autorités.

Parmi les personnes toujours portées disparues figurent des dizaines de Latino-Américains originaires d’Argentine, de Colombie, du Paraguay, du Chili et de l’Uruguay.

Dégradations qui « s’accélèrent »

Les autorités locales ont promis une enquête « poussée » sur les causes de cet effondrement meurtrier.

La disparition dans un nuage de poussière de cet immeuble jeudi dernier aurait-elle pu être évitée ? La publication mardi d’une lettre datée d’avril de la présidente de l’assemblée des copropriétaires, s’alarmant de l’état de l’immeuble, a lancé le débat.

Le bâtiment souffrait de « dégradations » qui « s’accéléraient », alertait-elle, selon la missive dévoilée par plusieurs médias américains.

Quelque 15 millions de dollars de travaux étaient nécessaires pour le remettre aux normes, selon une estimation de la copropriété.

Un rapport portant sur l’état de l’immeuble avait noté dès 2018 des « dommages structurels majeurs », ainsi que des « fissures » dans le sous-sol du bâtiment, selon des documents publiés par la ville de Surfside.

« L’imperméabilisation sous les abords de la piscine et la voie d’accès pour les véhicules […] a dépassé sa durée de vie et doit donc être complètement retirée et remplacée », avait écrit dans ce document l’expert Frank Morabito, réclamant des réparations « dans un délai convenable » sans toutefois relever de risque d’effondrement.

« Je n’ai rien vu qui m’aurait dit que je ferais mieux de déguerpir si j’étais dans ce bâtiment », a affirmé l’ingénieur Allyn Kilsheimer, dépêché par la ville de Surfside pour faire la lumière sur les conditions du drame.  

« Rien n’est jamais parfait dans la conception » d’un immeuble, a jugé l’expert, déjà à l’œuvre après l’attaque du Pentagone lors des attentats du 11-Septembre ou du tremblement de terre meurtrier de Mexico en 1985. « Il est possible qu’une combinaison de facteurs soit entrée en jeu. »

L’enquête pour connaître les causes exactes de la tragédie durera probablement des mois.