(Washington) Le gouvernement américain a dévoilé mardi une « stratégie nationale » pour lutter contre le terrorisme intérieur, l’une des priorités du président Joe Biden après plusieurs attentats racistes et l’assaut contre le Congrès en janvier.

« Ces drames sont des tragédies pour les proches des victimes, mais aussi pour notre pays : ce sont des attaques contre les idéaux qui fondent notre société », a dénoncé le ministre de la Justice Merrick Garland lors d’une allocution.

Les extrémistes violents constituent « une menace élevée pour le pays en 2021 » et les risques les plus « mortels » émanent des partisans du suprémacisme blanc et des membres de milices anti-gouvernement, a-t-il rappelé.

Le ministre a toutefois insisté sur le fait qu’aux États-Unis, la Constitution protège la liberté d’expression et qu’« épouser une idéologie raciste n’était pas illégal ». « Donc, nous nous concentrons sur la violence, pas sur l’idéologie », a-t-il dit.

Ce plan prévoit de renforcer le partage d’informations au niveau fédéral et local avec, notamment, un nouveau système de signalement des affaires liées au terrorisme intérieur.

Le gouvernement démocrate veut également s’attaquer au recrutement des militants et aux appels à la violence en collaboration avec les grands groupes technologiques et les réseaux sociaux.

Les États-Unis ont annoncé en mai qu’ils ralliaient l’Appel de Christchurch, un mouvement international contre la diffusion en ligne de contenus extrémistes, que l’ancien président républicain Donald Trump avait refusé de rejoindre.

Millions de dollars

La loi budgétaire pour 2022 prévoit 100 millions de dollars supplémentaires pour recruter des analystes, des enquêteurs et des procureurs dédiés à la lutte contre les extrémistes violents.

Des subventions fédérales à hauteur de 77 millions de dollars seront également mises à disposition des collectivités pour développer des programmes spécifiques.

L’administration va en outre renforcer les mécanismes de sélection des candidats à l’entrée dans les forces de l’ordre ou l’armée, dont certains membres sont radicalisés.

Enfin, elle veut lutter contre « les éléments contributeurs à long terme » au terrorisme que sont « les inégalités économiques », « le racisme structurel » et « la prolifération des armes », selon une haute responsable.

En revanche, le plan d’action ne prévoit pas de durcir les lois, comme le demandent certains parlementaires et membres des forces de l’ordre.

Joe Biden avait promis dans son discours d’investiture le 20 janvier que les États-Unis allaient « vaincre […] l’extrémisme politique, le suprémacisme blanc et le terrorisme intérieur », à l’origine d’une série d’attaques meurtrières ces dernières années.

Des extrémistes ont notamment visé une église noire (9 morts en 2015), une discothèque gaie (49 morts en 2016), une synagogue (11 morts en 2018), un supermarché fréquenté par des Hispaniques (23 morts 2019).

En mars, le patron du FBI, Christopher Wray, avait indiqué devant le Congrès que le nombre d’enquêtes fédérales ouvertes pour « terrorisme intérieur » avait doublé, passant de 1000 à 2000 depuis son entrée en fonction en 2017.

Le pays a également été choqué par l’assaut contre le Congrès par des partisans de Donald Trump. Près de 500 personnes ont été arrêtées pour leur rôle à des degrés divers, selon le FBI.