(Washington) Les États-Unis, qui négocient de manière indirecte avec l’Iran depuis deux mois pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire iranien, ont affirmé lundi ne toujours pas savoir si Téhéran veut vraiment revenir au respect de ses engagements.

« Nous ne savons toujours pas si l’Iran veut, et est prêt à faire ce qu’il faut pour respecter à nouveau l’accord », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’une audition parlementaire à Washington. « Nous sommes toujours en train de tenter de savoir si c’est le cas », a-t-il ajouté.

Validé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, l’accord international sur le nucléaire iranien a été conclu entre la République islamique et le groupe dit P5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) à Vienne en 2015.

Il offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales le visant en échange de garanties prouvant que l’Iran ne cherche pas à acquérir l’arme atomique.

Mais il est moribond depuis que les États-Unis s’en sont retirés unilatéralement en 2018, sous la présidence de Donald Trump, avant de rétablir les sanctions américaines que le pacte avait permis de lever.

En riposte, Téhéran a fait sauter depuis 2019 la plupart des garde-fous à son programme nucléaire qu’elle avait acceptés à Vienne.

Le successeur de M. Trump, Joe Biden, s’est dit prêt à revenir dans l’accord si l’Iran revient dans les clous des restrictions nucléaires. Par l’intermédiaire des autres États encore parties à l’accord, les deux pays ennemis négocient depuis début avril à Vienne un compromis que les Américains appellent « plein respect contre plein respect » de l’accord.

Les tractations doivent reprendre en fin de semaine dans la capitale autrichienne.

« Nous n’en sommes même pas encore au stade d’un retour au “respect pour respect”, nous ne savons pas si cela va pouvoir se faire », a insisté Antony Blinken.

« On ne sait toujours pas si [M. Biden] et [M. Blinken] sont prêts à enterrer la politique faillie de pression maximale de Trump […] et à cesser d’utiliser le #TerrorismeEconomique comme un outil pour prendre l’avantage dans les négociations », a réagi sur Twitter le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, pour qui « il est temps de changer de cap ».  

L’Iran « se conforme » à l’accord nucléaire, ajoute M. Zarif, en citant l’« article 36 » de ce texte qui autorise une partie à cesser tout ou partie de ses engagements en cas de manquement d’une autre partie aux siens.

L’Iran considère depuis le départ la dénonciation unilatérale du pacte par M. Trump comme une « violation » de la lettre et de l’esprit de l’accord de Vienne.