(Washington) Le conseiller médical à la Maison-Blanche Anthony Fauci a exhorté jeudi la Chine à partager les dossiers médicaux de neuf personnes ayant souffert d’une maladie similaire à un coronavirus avant le début de la pandémie, affirmant qu’ils pourraient aider à déterminer si le virus a pu provenir d’un laboratoire.

La théorie de la fuite de laboratoire, longtemps jugée improbable, a été relancée ces dernières semaines après la publication dans la presse américaine d’informations avançant que trois chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan avaient été hospitalisés en novembre 2019, présentant des symptômes compatibles avec la COVID-19, mais aussi avec ceux d’une « infection saisonnière ».

PHOTO HECTOR RETAMAL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRSSE

L’Institut de virologie de Wuhan.

Dans une interview publiée jeudi dans le Financial Times, Anthony Fauci a déclaré que ces dossiers médicaux pourraient répondre à des questions cruciales sur les origines de la COVID-19 à Wuhan, où a débuté une pandémie qui a fait plus de 3,6 millions de morts dans le monde.

« J’aimerais voir les dossiers médicaux des trois personnes qui seraient tombées malades en 2019 », a dit l’immunologue. « Sont-elles vraiment tombées malades, et si oui, de quoi ? »

Les chercheurs s’étant rendus dans une grotte abritant des chauves-souris dans la province chinoise de Yunnan, l’immunologue a affirmé qu’il était « entièrement concevable que l’origine de la COVID-19 se soit trouvée dans cette grotte, et qu’il ait commencé à se propager naturellement ou soit passé par le laboratoire. »

En mai, Anthony Fauci avait déclaré que si beaucoup de spécialistes « pensent qu’il est plus probable » que la COVID-19 soit « un évènement naturel », ils n’ont « pas de réponse à 100 % ».

La Chine, qui combat farouchement l’hypothèse du laboratoire, a accusé Washington de diffuser des théories « complotistes » et démenti les informations sur l’hospitalisation des chercheurs de Wuhan.

La thèse d’une origine naturelle, considérée comme la plus probable par une étude conjointe d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et chinois qui se sont rendus à Wuhan en début d’année, soutient que le virus est apparu chez les chauves-souris avant d’être transmis à l’homme, probablement via un autre animal.

Vendredi, le ministère des Affaires étrangères chinois s’est appuyé sur les conclusions de cette équipe pour rejeter les déclarations de M. Fauci, citant des déclarations sans fondement selon lesquelles le virus serait apparu pour la première fois dans le laboratoire militaire américain de Fort Detrick.

Interrogé sur la possibilité que Pékin partage les dossiers médicaux, le ministère a renvoyé vers un communiqué de l’Institut de virologie de Wuhan datant de mars.

« Nous espérons que les personnes qui ne croient pas les théories du complot, qui respectent les faits et qui respectent la vérité pourront trouver des réponses factuelles dans ce communiqué », a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

La semaine dernière, le président Joe Biden a demandé aux services de renseignement américains de produire un rapport sous 90 jours sur l’origine de la COVID-19.