(New York) Dekyi Tamang ne boudera pas la MetroCard gratuite qui lui a été remise mercredi matin après avoir reçu une dose du vaccin de Johnson & Johnson contre la COVID-19. Mais ce n’est pas cette carte illimitée, valable pour sept jours, qui l’a incitée à faire la queue à Grand Central, gare et station de métro mythique de New York, pour se faire vacciner.

« J’avais un rendez-vous pour recevoir ma première dose du vaccin de Pfizer la semaine prochaine, mais je serai alors en période d’examens. C’était plus pratique de me faire vacciner aujourd’hui », a expliqué l’étudiante en marketing âgée de 23 ans. « Et puis, le vaccin de Johnson & Johnson ne nécessite qu’une dose. Raison de plus. »

Dans la file d’une centaine de personnes où se trouvait Dekyi Tamang, chacun avait sa propre raison de répondre à l’invitation de se faire vacciner à Grand Central, l’une des six stations de métro où les New-Yorkais pourront recevoir le vaccin de Johnson & Johnson au moins jusqu’à dimanche.

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Dekyi Tamang

Mais cette invitation du gouverneur de New York Andrew Cuomo, assortie de l’offre d’une MetroCard, n’avait qu’un seul but : relancer les vaccinations contre la COVID-19 à New York, dont le nombre a chuté récemment. Si l’expérience est concluante, elle se poursuivra au-delà du 16 mai.

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Un homme se fait vacciner à Grand Central.

De nombreuses mesures incitatives

« Le processus ne peut être plus simple », a déclaré Patrick Foye, PDG de l’Agence de transport métropolitain, lors d’une conférence tenue dans le Vanderbilt Hall de Grand Central, où devaient avoir lieu les vaccinations. « Toute personne passant dans l’une des stations participantes, et je dis bien toute personne, qu’elle soit new-yorkaise ou non, peut se présenter, s’enregistrer, se faire vacciner, s’asseoir pour la période d’attente standard de 15 minutes et repartir. »

Avec, en poche, une MetroCard d’une valeur de 33 $.

Ce n’est pas la seule mesure incitative que l’État de New York offre pour encourager la vaccination. La semaine dernière, le gouverneur Andrew Cuomo a annoncé que les New-Yorkais qui se feraient vacciner aux stades des Yankees et des Mets pourraient recevoir des billets gratuits pour des matchs de ces équipes de la Ligue majeure de baseball.

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Clinique de vaccination au Yankee Stadium

Pour ne pas être en reste, le maire de New York Bill de Blasio a déclaré lundi que la Ville offrirait bientôt aux New-Yorkais qui se font vacciner des billets gratuits pour les Cyclones de Brooklyn, équipe de baseball des ligues mineures, le zoo du Bronx ou le Jardin botanique de New York, entre autres. L’offre de la ville inclura également un abonnement gratuit de deux semaines à Citi Bike, le vélo en libre-service de New York.

« Nous voulons que les gens sachent que c’est le temps [de se faire vacciner] », a déclaré le maire Bill de Blasio.

Rythme en baisse

Ce n’est pas que l’État ou la Ville de New York accusent un retard sur le reste du pays. Selon les données officielles, 39,5 % des résidants de l’Empire State, ou 7,9 millions, ont été pleinement vaccinés, et 48,6 %, ou 9,6 millions, ont reçu au moins une dose de vaccin.

Les proportions sont semblables dans la ville de New York, où 39,6 % des résidants sont pleinement vaccinés et 46,7 % d’entre eux ont reçu au moins une dose.

Ces données se traduisent par une baisse du nombre des hospitalisations, des contaminations et des décès. Lundi, le maire de New York s’est notamment félicité d’un taux d’infection de 2,01 %, le plus bas en six mois.

Mais le rythme des vaccinations est à la baisse dans l’État et à New York, comme dans d’autres endroits aux États-Unis. Dans l’ensemble, 46,2 % de la population américaine a reçu au moins une dose d’un vaccin contre la COVID-19. Le président Joe Biden a fixé un objectif de 70 % d’ici le 4 juillet. Six États l’ont déjà atteint : le New Hampshire, le Massachusetts, le Connecticut, le Maine, le Vermont et Hawaii.

Une loterie en Ohio

D’autres États et villes rivalisent d’imagination pour encourager la vaccination. En Virginie-Occidentale, le gouverneur offre aux résidants âgés de 16 à 35 ans et vaccinés des bons d’épargne de 100 $. À Detroit, le maire promet des cartes de débit d’une valeur de 50 $ aux résidants qui conduisent un concitoyen à un site de vaccination. Au New Jersey, le gouverneur et des propriétaires de bar offrent une bière aux citoyens vaccinés.

Et en Ohio, le gouverneur a annoncé mercredi l’incitatif le plus alléchant : un gros lot hebdomadaire d’un million de dollars dont le gagnant sera choisi au hasard parmi les citoyens de l’État ayant reçu au moins une dose. Cinq tirages auront lieu les mercredis à partir du 26 mai.

Mais rien ne vaut peut-être l’assurance de pouvoir recevoir une dose du vaccin Johnson & Johnson à l’arrivée ou à la sortie de la station de métro.

« Ça va me permettre de gagner du temps, a déclaré Sona Ango, 30 ans, mercredi matin à Grand Central. Je n’ai pas eu à subir les tracas d’une prise de rendez-vous. J’ai quitté la maison une demi-heure plus tôt que d’habitude et je recevrai mon vaccin en me rendant au travail. C’est parfait. »

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Thomas Kontogeorgos

Le site de vaccination de Grand Central a également attiré au moins un responsable des Nations unies, dont le siège se trouve à quelques pâtés de maisons. Il s’agissait de Thomas Kontogeorgos, chef de la section DDR des opérations de maintien de la paix.

« J’avais un rendez-vous la semaine prochaine pour me faire vacciner, mais je dois rentrer en Grèce ce dimanche pour des raisons personnelles », a expliqué le diplomate de 51 ans après avoir pris place parmi les premiers de la file d’attente. « C’est en lisant un journal de Grèce que j’ai appris que je pourrais me faire vacciner ici ! »