(Washington) Donald Trump a réaffirmé mercredi sa profonde influence sur les républicains avec l’éviction de Liz Cheney, sa grande bête noire, des sommets de leur hiérarchie.

« Une imbécile » qui n’a « rien à apporter de bon » : interdit de réseaux sociaux, vivant désormais loin de Washington, en Floride, l’ex-président républicain n’en rythme pas moins la vie de son parti à coups de communiqués qui éreintent régulièrement l’élue conservatrice.

Dans un vote oral expédié en quelques minutes, à huis clos, les 212 républicains de la Chambre des représentants ont évincé Liz Cheney de son poste de numéro trois du groupe parlementaire.

Sa faute aux yeux de Donald Trump ?

PHOTO MANUEL BALCE CENETA, ASSOCIATED PRESS

Liz Cheney

Dénoncer sans relâche les « mensonges très dangereux » perpétrés par le milliardaire lorsqu’il affirme, contre toute évidence, que la dernière élection présidentielle lui a été « volée ».  Et l’accuser d’avoir incité les manifestants pro-Trump à la violence lors de l’assaut meurtrier du Capitole.  

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir que l’ancien président ne s’approche plus jamais du bureau ovale », a réagi Liz Cheney juste après le verdict.

« Nous devons avancer en nous appuyant sur la vérité », a insisté la fille de l’ancien vice-président Dick Cheney.

« Terminé »

Hasard du calendrier, le chef des républicains à la Chambre, Kevin McCarthy, était reçu par Joe Biden à la Maison-Blanche juste après avoir piloté l’éviction de Liz Cheney.

« Je ne pense pas que quiconque mette en doute la légitimité de l’élection présidentielle », a-t-il déclaré à sa sortie, apparemment soucieux de démontrer, malgré ce vote, que son parti ne soutenait pas les accusations de fraudes électorales pourtant encore défendues par de nombreux élus républicains.  

« J’estime que tout cela est terminé. Nous nous sommes réunis ici avec le président », a-t-il souligné.

Pendant près de deux heures, Joe Biden s’est entretenu pour la première fois avec les quatre chefs du Congrès : les démocrates Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, et Chuck Schumer, chef de la majorité au Sénat, ainsi que les républicains Mitch McConnell, numéro un des républicains au Sénat, et Kevin McCarthy.  

« J’en suis sorti encouragé », a plus tard confié Joe Biden, qui fut sénateur pendant près de quatre décennies et aime à se présenter en rassembleur.  

Il s’est réjoui « de voir qu’il y a un espace pour trouver un compromis sur un projet de loi » sur les infrastructures.

Le président démocrate a dévoilé fin mars un vaste plan d’investissement de 2000 milliards de dollars dans les infrastructures traditionnelles, la lutte contre les changements climatiques, mais aussi des secteurs plus éloignés, comme les services de soins aux personnes âgées. Ce qui fait bondir les républicains, partisans d’un investissement plus circonscrit.

Depuis, les négociations en coulisses avancent au ralenti au Congrès.  

« Culte de la personnalité »

Liz Cheney était apparue ces derniers jours résignée à perdre sa place dans la hiérarchie. Non sans exhorter les républicains à tourner le dos « au culte de la personnalité Trump ».

Elle figurait parmi les dix républicains de la Chambre à avoir voté pour la mise en accusation de Donald Trump pour « incitation à l’insurrection » lors de l’attaque du Capitole le 6 janvier.  

L’ex-président américain avait ensuite été acquitté par le Sénat.

Liz Cheney, 54 ans, avait survécu à une première motion de défiance en février. Mais depuis, la patience de ses collègues, y compris critiques de Donald Trump, s’est étiolée.  

Car dans son rôle de numéro trois, ou « conference chair », elle était chargée de porter le message des républicains. Or les élections parlementaires cruciales des élections de mi-mandat de 2022 approchent.

Le message de Kevin McCarthy est clair : impossible de l’emporter sans montrer un front uni.  

Mais sur la colline du Capitole, les parlementaires affichaient encore leurs divisions après le vote.  

« C’est la deuxième fois que je vote contre elle. Je suis bien heureuse que le groupe républicain m’ait rattrapée », a lancé en souriant à l’AFP l’élue Marjorie Taylor Greene, qui avait porté au Congrès un masque « Trump a gagné » cet hiver.  

Le sénateur républicain Mitt Romney, autre bête noire de M. Trump, insistait lui sur « l’intégrité » de Liz Cheney. « Le meilleur avenir pour notre démocratie ainsi que pour mon parti passe par la défense de la vérité », a-t-il déclaré à l’AFP.  

Pour remplacer Liz Cheney, le magnat de l’immobilier et Kevin McCarthy soutiennent Elise Stefanik, 36 ans, un ex-modérée qui défend aujourd’hui farouchement Donald Trump.  

La date du vote pour la nommer n’a pas encore été fixée.