Aux funérailles de Daunte Wright, Minneapolis pleure une nouvelle victime de la police

(Minneapolis) « Que cesse la tristesse dans cette ville », implore un homme sur la scène de l’église Shiloh Temple de Minneapolis, avant le début des funérailles de Daunte Wright, jeune afro-américain tué le 11 avril par une policière blanche lors d’un banal contrôle routier.

L’édifice peut paraître modeste à première vue de l’extérieur. Mais derrière ses murs de briques grises, se trouve un amphithéâtre de plusieurs centaines de sièges, tous remplis, et tous tournés vers une grande estrade.

C’est là, dans un quartier commerçant de cette métropole du nord des États-Unis, que se déroulent jeudi les obsèques de Daunte Wright. La cérémonie a lieu deux jours seulement après le verdict rendu dans le procès de Derek Chauvin, le policier blanc reconnu coupable du meurtre de George Floyd dans la même ville l’an dernier.

Dans la salle pleine à craquer, le cercueil blanc de Daunte Wright trône devant l’estrade, un énorme bouquet de roses rouges posé dessus.

Des photos et des vidéos du défunt à différents âges de sa vie sont projetées de chaque côté de l’estrade.  

Une chorale de gospel chante à faire s’ébranler les fondations de l’église, avant qu’un joueur de trompette ne fasse se lever l’ensemble de l’audience, grâce à un émouvant solo de plusieurs minutes. Il est applaudi à tout rompre.

PHOTO NICHOLAS PFOSI, REUTERS

Le révérend Al Sharpton prononçant l’oraison funèbre de Daunte Wright

Le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques a prononcé l’oraison funèbre, comme il l’avait fait pour George Floyd, dont la famille est présente dans la salle.

« Nous devons élever la voix lorsqu’il a une injustice », a tonné Al Sharpton pendant son discours.  

« Justice pour Daunte Wright »

C’est l’organisation du révérend, le National Action Network (Réseau d’action national), qui a payé l’ensemble des frais liés aux funérailles.

« Justice pour Daunte Wright », déclare dès son arrivée au pupitre l’avocat Ben Crump qui représente, outre la famille de Daunte Wright, celle de George Floyd et d’autres victimes de violences policières.

« La vie de Daunte Wright compte », reprend l’ensemble de l’assemblée à l’invitation de l’avocat.

PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un membre armé des Minessota Freedom Fighters assure la sécurité des funérailles de Daunte Wright.

À l’extérieur de l’église, un groupe d’hommes noirs armés assure la sécurité de l’évènement. Veste paramilitaire kaki, pistolet mitrailleur tenu fermement dans les mains, « Sarge », un pompier à la retraite de 56 ans est l’un des responsables des Minnesota Freedom Fighters, une organisation qui refuse d’être qualifiée de milice.

« Nous pensons qu’il est important d’avoir autre chose que toujours une présence de type policier, même si nous leur ressemblons sur certains aspects », assure Sarge.

La mort de Daunte Wright, alors que se déroulait en même temps le procès de Derek Chauvin, avait entraîné plusieurs nuits de manifestations à Brooklyn Center, où s’est déroulé le drame.

Rassemblées devant le commissariat de cette ville située à une dizaine de kilomètres de Minneapolis, plusieurs centaines de personnes avaient crié leur colère pendant sept nuits consécutives. Des manifestations parfois marquées par la violence, la police usant de gaz au poivre et de grenades assourdissantes, et chargeant même avec des matraques les manifestants qui contrevenaient au couvre-feu.

Mercredi, une veillée funèbre avait été organisée dans la même église. Au bout de l’allée où se tenait ouvert le cercueil de Daunte Wright, les gens s’étaient approchés pour rendre hommage, se recueillir, joindre leurs mains, avant de faire demi-tour, tandis que sa famille, assise au premier rang, observait la scène.

Après l’enterrement, Daunte Wright reposera au cimetière Lakewood.