(Washington) Une personne est morte d’une thrombose sanguine et une autre se trouve dans un état critique aux États-Unis après avoir reçu le vaccin Johnson & Johnson contre la COVID-19, a annoncé mardi un responsable de l’Agence américaine des médicaments (FDA).

Au total, six personnes âgées de 18 à 48 ans ont présenté, 6 à 13 jours après l’injection, des symptômes de thrombose cérébrale, conjugués avec une chute de leur niveau de plaquettes sanguines. « Un cas s’est révélé mortel et un patient se trouve dans un état critique », a déclaré Peter Marks, de la FDA.

Semblable à l'AstraZeneca

Il a comparé ces cas avec les caillots sanguins répertoriés comme un effet secondaire « très rare » du vaccin AstraZeneca contre la COVID-19.

Selon les experts, les caillots sanguins pourraient être provoqués par une très rare réponse immunitaire à ces deux vaccins.

Selon Anne Schuchat, une responsable des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique américaine, le risque est très faible pour les personnes ayant reçu le vaccin Johnson & Johnson il y a un mois ou davantage.

Les États-Unis ont donc recommandent une « pause » dans l’administration du vaccin.

Plus de 6,8 millions de doses du vaccin de Johnson & Johnson ont été administrées aux États-Unis, la grande majorité sans effets secondaires ou avec des effets légers.

Les canaux de distribution fédéraux américains, y compris les sites de vaccination de masse, suspendront l’utilisation du vaccin de Johnson & Johnson, et les États et d’autres fournisseurs devraient suivre. Les deux autres vaccins autorisés, ceux de Moderna et Pfizer-BioNTech, ne sont pas concernés par la pause.

Le Comité consultatif des CDC sur les pratiques d’immunisation se réunira mercredi pour discuter des cas, et la FDA a également lancé une enquête sur la cause des caillots et du faible nombre de plaquettes.

« Jusqu’à ce que ce processus soit terminé, nous recommandons une pause dans l’utilisation de ce vaccin, par prudence », ont indiqué la Dre Anne Schuchat, directrice adjointe principale des CDC, et le Dr Peter Marks, directeur du Centre d’évaluation et de recherches biologiques de la FDA, dans une déclaration commune.

Ils recommandent que les personnes qui ont reçu le vaccin de Johnson & Johnson et qui souffrent de maux de tête intenses, de douleurs abdominales, de douleurs aux jambes ou d’essoufflement dans les trois semaines après avoir reçu le vaccin contactent leur médecin.

Les responsables disent vouloir également éduquer les fournisseurs de vaccins et les professionnels de la santé au sujet du « traitement unique » requis pour ce type de caillot.

Le vaccin de Johnson & Johnson a reçu en grande pompe l’autorisation d’urgence de la FDA à la fin février, dans l’espoir que sa dose unique et ses exigences de stockage relativement simples accéléreraient la vaccination à travers le pays. Pourtant, ce vaccin ne représente qu’une petite fraction des doses administrées aux États-Unis, car Johnson & Johnson a fait face à des retards de production et à des erreurs de fabrication à l’usine d’un sous-traitant, à Baltimore.

La semaine dernière, le fabricant de médicaments a repris l’installation pour augmenter sa production dans l’espoir de respecter son engagement envers le gouvernement américain de fournir environ 100 millions de doses d’ici la fin du mois de mai.

Jusqu’à présent, l’inquiétude concernant les caillots sanguins inhabituels s’est concentrée sur le vaccin d’AstraZeneca, qui n’a pas encore reçu d’autorisation aux États-Unis. La semaine dernière, les régulateurs européens ont déclaré avoir trouvé un lien possible entre les injections et un type très rare de caillot sanguin qui se produit avec des plaquettes sanguines basses, qui semble toucher davantage les personnes plus jeunes.

L’Agence européenne des médicaments a souligné que les avantages de recevoir le vaccin l’emportent sur les risques pour la plupart des gens. Mais plusieurs pays ont imposé des limites à l’administration du vaccin : la Grande-Bretagne a recommandé que les personnes de moins de 30 ans se voient proposer une autre option.

Mais les vaccins de Johnson & Johnson et d’AstraZeneca sont fabriqués avec la même technologie. Les principaux vaccins contre la COVID-19 entraînent le corps à reconnaître la protéine de pointe qui recouvre la surface externe du coronavirus. Mais les vaccins de Johnson & Johnson et d’AstraZeneca utilisent un virus du rhume, appelé adénovirus, pour transporter le gène de pointe dans le corps. Johnson & Johnson utilise un adénovirus humain pour créer son vaccin tandis qu’AstraZeneca utilise une version venant d’un chimpanzé.

L’annonce a immédiatement eu un effet sur les marchés boursiers américains, les contrats à terme sur l’indice Dow ayant chuté de près de 200 points un peu plus de deux heures avant l’ouverture. Les actions de Johnson & Johnson ont chuté de près de 3 %.