(Washington) La police du Capitole des États-Unis traverse une période sombre.

Un policier a été tué et un autre blessé vendredi après-midi, quand un homme souffrant apparemment de problèmes de santé mentale a foncé sur eux avec sa voiture.

Au début de l’année, les policiers du Capitole avaient été complètement submergés par une foule en colère de partisans de l’ancien président Donald Trump. Un policier avait alors été tué et un autre s’était suicidé.

Des dizaines de policiers envisagent une retraite anticipée, plusieurs leaders de premier plan sont partis et ceux qui sont toujours là ne font pas l’unanimité.

Le président du syndicat des policiers du Capitole dit que les membres sont « secoués » par la mort, vendredi après-midi, du policier Billy Evans, qui était en service depuis 18 ans.

PHOTO ALEXANDER DRAGO, REUTERS

Un homme ayant foncé sur une barrière du Capitole a été abattu par les policiers après être sorti de sa voiture, un couteau à la main, vendredi.

Son décès survient après celui du policier Brian Sicknick, qui comptait parmi les centaines d’agents qui ont tenté de repousser les émeutiers le 6 janvier, sans disposer de l’équipement ou des directives nécessaires. Quelques jours plus tard, le policier Howard Liebengood a mis fin à ses jours.

Des centaines de policiers envisagent de prendre leur retraite ou se trouvent d’autres emplois, a indiqué par voie de communiqué le leader syndical Gus Papathanasiou. « Ils continuent à travailler alors que nous approchons rapidement d’une crise de moral et d’effectifs », a-t-il prévenu, avant d’ajouter que les policiers qui demeurent en poste sont contraints de travailler de longues heures supplémentaires.

Des dizaines de policiers ont été blessés le 6 janvier et d’autres ont été mis en congé pendant une enquête interne concernant la réponse du corps policier, y compris celle de l’agent qui a abattu une femme de 35 ans qui tentait d’entrer dans le Capitole par une fenêtre. Cela a affaibli encore plus une force au sein de laquelle plus de 200 postes sont vacants, soit environ 10 % des effectifs auxquels elle a droit.

Au cours des mois qui se sont écoulés depuis l’insurrection, plusieurs policiers ont travaillé 12 heures et plus par jour pour protéger le Capitole pendant l’assermentation de Joe Biden et les procédures de destitution contre Donald Trump.

La cheffe intérimaire Yogananda Pittman a reçu un vote de non-confiance de la part du syndicat en février, témoignant de la méfiance qui règne parmi les policiers. Mme Pittman était la cheffe adjointe responsable du renseignement pendant l’émeute et elle a admis ne pas avoir vu un avertissement de la police fédérale américaine mettant en garde contre une « guerre » au Capitole, la veille de l’insurrection.

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

La cheffe intérimaire de la police du Capitole, Yogananda Pittman

Le chef démissionnaire Steven Sund, qui est parti en janvier en marge de l’émeute, a expliqué à l’Associated Press que les policiers à qui il a parlé sont « sur les dents ».

La police du Capitole n’est pas une force policière typique. Ses quelque 2000 agents sont uniquement responsables de la protection du Congrès — ses membres, les visiteurs et les installations.

L’homme de 25 ans impliqué dans l’attaque de vendredi, Noah Green, a été abattu par les policiers quand il est sorti de sa voiture, un couteau à la main. Il est mort peu de temps après, à l’hôpital. On ne connaît aucun lien entre l’insurrection et M. Green, qui affirmait en ligne que le gouvernement contrôlait ses pensées et qu’il était surveillé.

De nouvelles barrières de ciment ont été érigées autour du point de contrôle où se trouvaient M. Evans et un collègue, au nord du Capitole. L’attaque de vendredi rappelle toutefois que le Capitole sera toujours une cible, a dit le lieutenant-général à la retraite Russel Honoré, qui a présidé un groupe de travail qui a formulé plusieurs recommandations de sécurité après l’insurrection.

PHOTO ERIC BARADAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un membre de la Garde nationale passe devant une barrière de ciment érigée à un point de contrôle du Capitole, le 3 mars.

« C’est l’édifice le plus important aux États-Unis, parce que c’est le siège de notre démocratie, a dit le général Honoré au réseau ABC en fin de semaine. Si cet édifice et les gens à l’intérieur ne fonctionnent pas, nous n’avons plus de démocratie. Et peu importe le prix à payer pour le protéger, ça doit être fait. »

Le groupe de travail a réclamé de nouveaux efforts pour pourvoir 233 postes vacants au sein du corps policier. Il a aussi demandé au Congrès de financer 350 nouveaux postes et de nouvelles infrastructures, comme de nouvelles clôtures. Le chef de la police du Capitole devrait également avoir le pouvoir de demander l’aide de la Garde nationale en cas de crise.

M. Papathanasiou, le leader syndical, se dit en accord avec le général Honoré, qu’il aurait rencontré jeudi dernier.

« Comme je le lui ai expliqué, ces améliorations sont essentielles, mais notre priorité doit être de retenir les policiers que nous avons, a-t-il dit. Il y a des mesures immédiates que le Congrès peut prendre pour y parvenir. »