(New York) La police new-yorkaise a inculpé mercredi un homme au lourd passé judiciaire pour avoir attaqué une sexagénaire d’origine asiatique, une agression dont l’enregistrement vidéo a profondément choqué, sur fond d’attaques récurrentes contre la minorité asiatique aux États-Unis.

L’homme, identifié par la police comme Brandon Elliot, 38 ans, a été arrêté dans la nuit de mardi à mercredi, puis inculpé d’agression « motivée par la haine ». Selon un porte-parole de la police new-yorkaise, il résidait dans un hôtel près de Times Square, proche du lieu de l’agression, qui accueille désormais des personnes sans-abri.

Plusieurs hôtels de ce quartier, vidé de touristes depuis le début de la pandémie, ont été transformés en centres d’hébergement. De nombreux riverains se plaignent d’une hausse de la criminalité.

Le suspect a un lourd passé criminel : il avait été emprisonné de 2002 à 2019 pour avoir poignardé sa mère à mort, sous les yeux de sa sœur de cinq ans, selon le porte-parole de la police.

L’agression contre la femme d’origine asiatique, qui se rendait à l’église, s’est déroulée à la mi-journée lundi.

Sur les images, captées par des caméras de surveillance depuis l’intérieur d’un bâtiment, on la voit en train de marcher quand, tout à coup, l’homme s’approche d’elle, la fait tomber d’un premier coup de pied, puis lui assène d’autres coups à la tête avant de s’éloigner. La police avait précisé mardi qu’il avait proféré des insultes anti-asiatiques à son égard.

La police avait posté la vidéo et des photos de l’agresseur sur Twitter, et appelé la population à aider à l’identifier.  

Ces tweets sont devenus « viraux », a indiqué Jessica Corey, responsable des crimes motivés par la haine au sein de la police de New York (NYPD). Des habitants ont reconnu un SDF du quartier et conduit la police jusqu’à l’hôtel, où le suspect a été appréhendé mardi soir. Il risque désormais jusqu’à 25 ans de prison, selon le procureur de Manhattan, Cyrus Vance.

Ses antécédents judiciaires pourraient relancer le débat sur le sujet sensible de la prise en charge des sans-abris dans les métropoles américaines, une population où les problèmes mentaux sont répandus et dont l’accès aux services sociaux est réduit par la pandémie.

« Je ne comprends pas pourquoi on pousse hors de prison des gens pour les mettre dans des centres pour sans-abris, ni (comment) on peut s’attendre à des conséquences favorables », a déclaré Dermot Shea, patron de la police new-yorkaise, soulignant que les enquêteurs essaient maintenant de déterminer si le suspect est impliqué dans d’autres crimes.

Un autre responsable du NYPD, Rodney Harrison, a cependant mis en garde contre toute généralisation : les auteurs de ces délits appartiennent à « toutes les catégories démographiques, jeunes, vieux, blancs, noirs », a-t-il souligné.

« Dégoûtant »

La victime, dont l’identité n’a pas été dévoilée, a été hospitalisée. Elle souffre du pelvis cassé et de multiples blessures. Certains médias ont indiqué mercredi qu’elle avait quitté l’hôpital mais l’information n’a pas été confirmée.

La violence de l’agression, ajoutée à la passivité de deux hommes assistant à la scène depuis l’intérieur d’un immeuble — l’un d’eux refermant la porte d’entrée plutôt que d’aider la femme blessée — avait suscité mardi de nombreuses réactions scandalisées.

Le maire de New York, Bill de Blasio, avait qualifié l’attaque d’« horrible » et « dégoûtante ». Le gouverneur de l’État, Andrew Cuomo, avait déploré que la violence contre la communauté asiatique devienne « une épidémie dans notre État et notre pays ».

Dans un tweet, le président Biden avait annoncé des « mesures supplémentaires » contre les violences anti-asiatiques.

New York, comme d’autres métropoles américaines, a enregistré une recrudescence des crimes visant les personnes d’origine asiatique ces derniers mois. Beaucoup blâment l’ex-président Donald Trump, qui qualifiait fréquemment la COVID-19 de « virus chinois » ou de « peste chinoise ».

Le 15 mars, un homme a abattu huit personnes, dont six femmes d’origine asiatique, dans la région d’Atlanta.  

La police new-yorkaise a depuis renforcé sa présence dans les quartiers à forte population asiatique. Des patrouilles de bénévoles se sont aussi formées pour rassurer la population.

La première métropole américaine compte plus d’un million d’habitants aux origines asiatiques. Rien que pour la semaine du 15 au 21 mars, la police new-yorkaise a enregistré neuf crimes « motivés par la haine », contre trois sur la même période de 2020, selon les statistiques officielles.