(San Francisco) La chaîne YouTube de Donald Trump, suspendue le 12 janvier, pourra reprendre du service quand le risque de violence aura suffisamment baissé, a indiqué jeudi Susan Wojcicki, la patronne du service vidéo de Google, près de deux mois après l’invasion du Congrès américain par des extrémistes pro-Trump.

« Je veux confirmer que nous lèverons bien la suspension de la chaîne de Donald Trump […] quand nous aurons déterminé que le risque de violence a diminué », a-t-elle déclaré lors d’une interview par l’Atlantic Council, un groupe de réflexion.

L’ancien président américain a été évincé des grandes plateformes dans la foulée des attaques meurtrières du Capitole, pour avoir incité ses partisans à la violence.  

Twitter, qui était son réseau de prédilection, l’a banni à vie. Facebook l’a suspendu « indéfiniment », mais son Conseil de surveillance doit statuer sur un possible retour, ou non, du milliardaire républicain.

« Étant donné les avertissements de la police du Capitole hier sur une potentielle attaque aujourd’hui, je pense qu’il est assez clair qu’un risque élevé de violence subsiste », a souligné Susan Wojcicki. Le Capitole a été placé sous haute sécurité jeudi après l’annonce qu’une « milice » cherchait à attaquer le siège du Congrès.

Donald Trump a tenté pendant des mois de jeter le discrédit sur l’élection présidentielle en assurant qu’il y aurait, puis qu’il y avait eu, des fraudes massives. Lors d’une assemblée conservatrice dimanche, il n’a toujours pas admis sa défaite électorale et a laissé entendre qu’il pourrait se représenter en 2024.

YouTube compte se fier aux rapports des forces de l’ordre pour décider si le tempétueux homme politique peut revenir.

La patronne du service a rappelé que son compte avait été suspendu pour une semaine, car il s’agissait du premier avertissement à son encontre. L’interdiction avait été prolongée en raison des risques de violence.

« Quand la chaîne sera de nouveau active […] nous examinerons les contenus pour voir s’ils enfreignent nos règlements sur la violence ou le respect de l’intégrité des élections », a-t-elle détaillé.

Selon le règlement de la plateforme, une chaîne qui reçoit trois avertissements en moins de 90 jours est définitivement supprimée.

Les décisions des réseaux sociaux, longtemps accusés de complaisance vis-à-vis de l’ex-chef d’État, ont été considérées comme trop tardives par une large frange de la société civile, et comme de la censure par de nombreux conservateurs.

Certaines associations de défenses des libertés et des leaders politiques de pays démocratiques se sont émus d’un dangereux précédent en termes de pouvoir des géants des technologies sur la liberté d’expression.