(Washington) Vernon Jordan, pionnier de la lutte pour les droits civiques et ancien conseiller de Bill Clinton, est décédé lundi soir à l’âge de 85 ans, a indiqué sa famille aux médias américains.

« Mon père s’est éteint la nuit dernière vers 22 h, entouré de ses proches, sa femme et sa fille à ses côtés », a annoncé dans un communiqué sa fille, Vickee Jordan Adams.

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Vernon Jordan fait sourire le président Barack Obama avant que ce dernier s’adresse aux finissants de l’université Howard de Washington le 7 mai 2016. Jordan avait fait son droit à Howard.

Avocat de renom, confident et partenaire de golf de Bill Clinton, Vernon Jordan avait été président de la National Urban League, une grande organisation de défense des droits des Afro-Américains, de 1971 à 1981.

Blessé dans un attentat raciste

Il avait été gravement blessé en 1980 dans une tentative d’assassinat perpétrée par un suprémaciste blanc autoproclamé.  

« Des droits civiques au monde des affaires, M. Jordan a fait preuve des plus grandes qualités d’un dirigeant et ouvert une voie aux Afro-Américains qui n’existait pas auparavant », a déclaré Jaime Harrison, président du parti démocrate.  

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Vernon Jordan, l’ex-président Bill Clinton et Chelsea Clinton avant le premier débat présidentiel opposant Hillary Clinton et Donald Trump à l’université Hofstra, à Hamstead, dans l’État de New York, le 26 septembre 2016.

Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, a déploré la disparition d’un « géant du mouvement des droits civiques ».

Vernon Jordan est né en 1935 à Atlanta, en Géorgie, et a grandi dans cet État du Sud à l’époque d’une stricte ségrégation raciale.  

Diplômé en droit de l’université Howard, fondée à Washington pour accueillir les étudiants afro-américains, il s’était saisi de plusieurs dossiers pour défendre le droit de vote des Afro-Américains et venir à bout de la ségrégation.

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Vernon Jordan avait été président de la National Urban League, une grande organisation de défense des droits des Afro-Américains, de 1971 à 1981.

Cet homme de l’ombre, qui faisait en coulisses « la pluie et le beau temps » parmi les puissants américains, confiaient ses amis dans les années 1990, avait dû renoncer à sa discrétion pour monter en première ligne dans le procès en destitution de son ami, le président Bill Clinton.  

Vernon Jordan avait dû s’expliquer sur les allégations selon lesquelles il aurait usé de son influence pour trouver un emploi à Monica Lewinsky en 1998, à la fin de la relation de cette ex-stagiaire de la Maison-Blanche avec le président, en échange de son silence.

M. Jordan avait nié avoir suggéré à la jeune femme de mentir, mais reconnu l’avoir aidée à trouver du travail dans le privé avant que n’éclate le scandale.