(New York) Le gendarme américain de l’aviation (FAA) a ordonné mardi un examen approfondi des pales des moteurs de Boeing 777 similaires à celui impliqué dans un spectaculaire incident survenu la semaine dernière sur un vol de la compagnie United Airlines avant qu’ils puissent revoler.

L’inspection par imagerie thermo-acoustique des pales en titane requise par le régulateur doit permettre de détecter d’éventuelles fissures invisibles à l’œil nu.

En fonction des résultats et d’autres éléments de l’enquête en cours, la FAA pourra décider d’imposer aux Boeing 777 équipés de certains moteurs PW4000 fabriqués par Pratt & Whitney des inspections plus fréquentes.

Toutes les compagnies exploitant l’appareil dans le monde enverront les pales à Pratt & Whitney, qui procédera aux tests dans ses ateliers du Connecticut, dans le nord-est des États-Unis, a affirmé un porte-parole du motoriste à l’AFP.

Selon la société, qui assure se coordonner avec Boeing, les compagnies et les agences de sécurité aérienne, « environ 125 avions » au total sont concernés.

Selon Boeing, qui a un comptage légèrement différent, 128 aéronefs sont concernés : 69 actuellement en service chez United Airlines, Japan Airlines (JAL), All Nippon Airways (ANA), Asiana et Korean Air, et 59 en réserve. Le constructeur, qui avait recommandé dimanche la suspension des vols le temps d’avoir de plus amples informations, a assuré lundi qu’ils étaient tous immobilisés.  

Le réacteur droit d’un appareil de ce type de la compagnie United Airlines avait pris feu samedi peu après son décollage de Denver, dans l’ouest des États-Unis. Pendant que l’avion regagnait en urgence l’aéroport, une pluie de débris étaient tombés sur une zone résidentielle.  

Personne n’a été blessé et l’appareil a pu se poser sans encombre.

« Fatigue du métal »

Selon les premières conclusions de l’enquête menée indépendamment par le bureau américain en charge de la sécurité des transports, le NTSB, les dommages constatés sur place sont compatibles avec une « fatigue du métal » des pales de la soufflante du moteur fabriqué par Pratt & Whitney. Ce phénomène physique est lié à l’utilisation d’un matériau sur le long terme, qui peut entraîner des fissures et éventuellement une rupture de la structure.

Le patron de la FAA, Steve Dickson, avait promis lors d’une conférence en ligne plus tôt dans la journée mardi d’agir rapidement pour déterminer les causes de l’incident et « prendre les mesures nécessaires afin d’éviter qu’un évènement similaire se reproduise à l’avenir ».  

La FAA avait déjà exigé un renforcement des inspections après un précédent incident, en 2018, sur un vol de United entre San Francisco et Honolulu, prévoyant alors un examen tous les 6500 vols.

L’organisation a révélé lundi avoir envisagé de durcir encore les inspections après une avarie similaire sur un vol de Japan Airlines en décembre 2020. Mais elle ne l’avait pas encore fait quand est survenu l’incident samedi.

Après l’analyse d’éléments liés à cet évènement, la FAA « était en train d’évaluer la nécessité d’ajuster les inspections » des pales des soufflantes des moteurs, selon un message transmis à l’AFP.

L’incident représente aussi un coup dur pour Boeing qui se remet à peine des déboires du 737 MAX, son avion-vedette cloué au sol pendant près de deux ans après deux accidents mortels.

Les avaries semblent se multiplier pour le constructeur.

Les autorités néerlandaises ont en effet ouvert des enquêtes après la chute samedi de débris d’un avion-cargo Boeing 747-400, qui ont blessé deux personnes dans le sud des Pays-Bas.

Un Boeing 757 de Delta a aussi dû atterrir en urgence à Salt Lake City lundi, « par précaution à la suite d’un indicateur avertissant d’un éventuel problème avec l’un de ses moteurs », selon la compagnie.

L’incident du vol de United Airlines remet par ailleurs sur la sellette la FAA, vivement décriée pour sa supervision en amont de la crise du 737 MAX jugée par beaucoup inadéquate. Plusieurs experts de l’aviation ont aussi mis en avant un éventuel problème de maintenance.

Toutes les pièces des avions sont conçues pour pouvoir faire face à de possibles défaillances, a souligné Robert Kielb, spécialiste en ingénierie aéronautique à Duke University. Samedi « représente le parfait exemple de ce qui doit être fait quand un moteur tombe en panne », a-t-il estimé auprès de l’AFP en saluant le rôle de l’équipage et des contrôleurs aériens.