(Harrisburg) Il fut une époque où le sénateur républicain Pat Toomey de la Pennsylvanie était le rebelle venant de la droite plus dure. Aujourd’hui, il doit affronter la colère des membres de son parti après avoir voté en faveur de la condamnation de Donald Trump lors du deuxième procès de destitution de l’ancien président.

Certains membres du parti de son État pourraient présenter un vote de censure, une mesure purement symbolique sans effet réel puisque M. Toomey ne compte pas se représenter à l’occasion des élections de mi-mandat, l’an prochain.

Le sénateur, qui approuvait jadis les candidatures contre des élus républicains jugés pas assez conservateurs, exhorte maintenant les membres de son parti à tolérer les divergences d’opinions sur le rôle de Donald Trump dans l’émeute du 6 janvier au Capitole fédéral.

« Je comprends que la plupart des républicains ne partagent pas mes conclusions », a-t-il déclaré jeudi sur les ondes d’une station de radio de Philadelphie.

Ce n’est pas une bonne idée pour le parti de censurer un élu républicain à cause d’un vote en particulier. Cela envoie un mauvais message aux nombreux républicains, même s’ils sont minoritaires, qui sont d’accord avec ce que j’ai fait.

Pat Toomey, sénateur de la Pennsylvanie

Pat Toomey a été samedi l’un des sept sénateurs républicains à avoir voté pour la condamnation de M. Trump, accusé « d’incitation à l’insurrection ». Le Sénat l’a innocenté, puisque le verdict de culpabilité n’a pas obtenu les deux tiers des suffrages nécessaires.

Le président du parti en Pennsylvanie, Lawrence Tabas, a transmis un courriel aux membres du comité de l’État pour leur annoncer une réunion où la décision du sénateur serait discutée.

Si cette réunion se déroule, elle pourrait se conclure par un vote de censure. Plusieurs comités de comté ont déjà condamné M. Toomey.

Certaines de ces condamnations sont survenues avant même le vote au procès contre M. Trump. Des républicains jugeaient déjà que le sénateur faisait preuve de déloyauté en affirmant que Donald Trump avait commis le 6 janvier « des délits dignes de la destitution ».

Des partisans de Pat Toomey ont commencé à riposter. Jezree Friend, du comité du comté d’Erie, a envoyé un courriel aux membres pour tenter de les dissuader à tenir un vote de censure.

Selon lui, la fidélité envers Donald Trump, ne devrait pas devenir un test de loyauté pour le parti. Il a qualifié que cela pourrait être une source de division au sein d’une formation qui a toujours avoir une base diversifiée.

Sam DeMarco, le président du Parti républicain du comté d’Allegheny, a dit que la soif de représailles contre Pat Toomey était contre-productive si le parti voulait attirer de nouveaux membres et se concentrer sur les élections à gagner à l’avenir.

En 2004, Pat Toomey était le candidat des conservateurs mécontents qui étaient venus bien près de battre Arlen Spectre, un sénateur républicain modéré.

Il a ensuite dirigé un groupe de défense du marché libre fermé aux compromis. Il s’était alors porté à la défense de ceux qui voulaient chasser les RINO (Republicans in Name Only) « qui s’écartaient des principes conservateurs ».

Après la défection de Spectre, Pat Toomey s’est présenté à nouveau en 2010. Il a été élu après avoir réussi à unifier les conservateurs et le milieu des affaires.

Il était l’un des favoris parmi certains des plus grands donateurs du parti. Il était farouchement opposé à la fiscalité, à la réglementation ainsi qu’aux interventions gouvernementales. Il défendait ardemment le libre marché.

Pat Toomey a contribué à la rédaction du projet de loi visant à réduire les impôts voulu par Donald Trump. Il a aussi soutenu les choix de l’ancien président pour la Cour suprême. Il a été le seul républicain du Sénat à s’opposer au nouvel accord de libre-échange nord-américain.

Mais pour certains, toutes ces positions conservatrices ne pèsent guère dans la balance.