(Washington) Donald Trump a repris, depuis la Floride, ses invectives pour tenter de rester au centre du jeu politique. Joe Biden, lui, martèle qu’il est temps d’oublier « l’ancien gars » et de passer à autre chose.

« Pendant quatre ans, le seul sujet a été Trump. Pour les quatre années à venir, je veux m’assurer que le sujet central soit les Américains ».

Reprenant un thème souvent répété en campagne et depuis son arrivée au pouvoir, le président américain a souligné mercredi soir d’une formule ciselée son souhait que son prédécesseur ne soit plus au cœur de toutes les conversations, à Washington comme à travers les États-Unis.  

Fidèle à son habitude, il s’est efforcé, lors d’un échange avec des électeurs organisé par CNN dans le Wisconsin, de ne pas citer son nom. Et, dans cette volonté de tourner la page, il a aussi tenté de changer les termes du débat.  

Quelles décisions concrètes entend-il prendre pour rassembler un pays profondément divisé ?

« Je ne suis pas d’accord avec ce qui se dit sur la division », a-t-il répondu. « Le pays n’est pas divisé », a-t-il poursuivi, une formule qui a suscité de vives réactions tant les mois écoulés ont mis en lumière une fracture béante au sein de la société américaine.

Il y a des extrêmes des deux côtés, mais nous ne sommes pas aussi divisés que nous le laissons entendre.

Le président Joe Biden

Preuve selon lui qu’il est possible de rassembler ? « Mon plan COVID-19, 69 % des Américains le soutiennent », a-t-il avancé.

Le 46e président, qui a présenté un plan de sauvetage de l’économie de 1900 milliards de dollars, espérait initialement rassembler républicains et démocrates au nom de l’urgence nationale face à la pandémie. Mais les élus républicains du Congrès ne l’ont pas suivi.

Face à cette situation, la Maison-Blanche répète depuis plusieurs jours un seul message : Joe Biden ne pourra peut-être pas obtenir une large majorité au Congrès, mais il est en position d’emporter l’adhésion d’une grande partie des Américains.

Ne pas prononcer son nom

Quelques heures avant le début de ce « Town Hall » à la tonalité très consensuelle, Donald Trump, plutôt discret depuis son départ du pouvoir, avait rappelé, avec fracas, que, même reclus dans son club de Floride, il n’entendait pas disparaître du paysage politique américain.  

Sur un ton extrêmement menaçant, il s’en est pris au chef des républicains du Sénat Mitch McConnell : « Mitch est un politicien renfrogné, maussade, qui ne sourit jamais et si les sénateurs républicains restent avec lui, ils ne gagneront plus ».

Ce dernier a voté pour l’acquittement de Donald Trump car il a estimé que le Sénat n’était pas compétent pour juger un ex-président. Mais dans la foulée, il a déclaré ce dernier « responsable » de l’assaut.  

Le sénateur républicain Lindsey Graham, qui fut pendant quatre ans très proche de Trump, a reconnu sur Fox News que cette guerre ouverte était de très mauvais augure pour le parti républicain.

« Mitch McConnell, lorsqu’il a travaillé avec Donald Trump, a fait un boulot fantastique », a-t-il estimé. « Aujourd’hui, ils s’écharpent. Je suis plus inquiet pour 2022 (élections de mi-mandat) que je ne l’ai jamais été ».

Joe Biden lui, n’a à aucun moment commenté les déboires de ses opposants. Mais, évoquant sa nouvelle vie de président, il a brièvement fait allusion à ses rapports avec ses cinq prédécesseurs encore en vie.

« Ils m’ont tous appelé, à une exception près », a-t-il raconté, amusé.  

Jimmy Carter ? George W. Bush ? Bill Clinton ? Barack Obama ? Donald Trump ? L’identité de celui qui n’a pas décroché son téléphone fait peu de doute.

Mais Joe Biden ne l’a pas cité.