(Washington et Jérusalem) Un mois après son arrivée au pouvoir, Joe Biden s’est enfin entretenu mercredi avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, lors d’un appel téléphonique où l’Iran figurait en bonne place.  

Le temps pris par le nouveau président américain pour prendre contact avec « Bibi », qui était particulièrement choyé par Donald Trump, avait suscité une polémique dans la presse israélienne et provoqué de vives critiques de la part de certains ténors républicains.

« Bonne conversation », a résumé, laconique, Joe Biden depuis le bureau Ovale.

« La discussion fut chaleureuse, amicale et a duré environ une heure », a souligné de son côté M. Nétanyahou sur Twitter, précisant avoir abordé les questions des « accords » de paix au Moyen-Orient, de la « menace iranienne » et de la gestion de la pandémie de COVID-19.

Les deux dirigeants ont souligné « l’importance de la poursuite d’une étroite consultation sur les questions de sécurité régionale, en particulier l’Iran », a indiqué la Maison-Blanche, sans épiloguer sur l’épineuse question de l’accord nucléaire iranien.

Joe Biden a insisté sur le soutien des États-Unis à la récente normalisation des relations entre Israël et des pays du monde arabe.

Les Émirats arabes unis ont annoncé l’été dernier la normalisation de leurs relations avec Israël, suivies par la suite par Bahreïn, le Soudan et le Maroc.  

Mais des questions subsistent sur la posture qu’adoptera la nouvelle administration : les États-Unis vont-ils concrètement pousser d’autres pays de la région à embarquer dans le train de la normalisation ?

L’un des pays-clés, considéré comme un candidat potentiel à la normalisation, est l’Arabie saoudite.  

À ce propos l’administration Biden a déjà annoncé son intention de « recalibrer » ses relations avec Riyad et de changer d’interlocuteur pour passer du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) au roi Salmane.

« Faire progresser la paix »

L’un des dossiers cruciaux pour l’Arabie saoudite, comme pour Israël, demeure la question de l’influence régionale de l’Iran et de son programme nucléaire.

L’État hébreu n’a jamais caché son opposition à l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, et avait soutenu la campagne de « pression maximale » contre Téhéran menée par l’administration Trump, qui avait retiré unilatéralement les États-Unis de cet accord pour rétablir des sanctions.

Le président Biden s’est engagé à revenir dans l’accord, à la condition toutefois que l’Iran renoue d’abord avec ses engagements. Un tel retour serait une « mauvaise chose », a récemment déclaré le chef de l’armée israélienne Aviv Kochavi.

Les accords de normalisation entre Israël et des pays arabes sont à ce propos un « contrepoids à l’axe chiite », expression désignant les soutiens régionaux de l’Iran, et sont une « opportunité importante pour accroître la pression sur l’Iran », a déclaré la semaine dernière à l’AFP un haut gradé de l’armée israélienne.

Selon le compte-rendu de la Maison-Blanche, Joe Biden a aussi souligné « l’importance de faire progresser la paix à travers la région, y compris entre Israéliens et Palestiniens ».

Là où Donald Trump avait promis d’entrée de jeu, en 2017, de trouver « l’accord ultime » entre Israël et les Palestiniens, sans jamais y parvenir, l’administration Biden affiche depuis le départ sa prudence, et sa volonté de prendre son temps.

Le nouveau chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré que la « solution à deux États » était la seule viable, renouant ainsi avec le consensus international malmené par le milliardaire républicain.

Mais il a aussi reconnu que les différentes parties étaient « très loin d’une percée pour la paix » et d’une « résolution finale » avec la création d’un État palestinien.

Preuve d’un certain embarras, l’administration Biden n’a pas encore précisé sa position sur la longue liste de décisions unilatérales favorables à Israël prises par Donald Trump et son secrétaire d’État Mike Pompeo.