(Washington) Le gouvernement du président américain Joe Biden a fait appel du refus de la justice britannique d’extrader le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, a annoncé vendredi le département américain de la Justice.

L’appel montre que Joe Biden a bien l’intention de juger M. Assange pour la diffusion massive de documents confidentiels à partir de 2009.

Washington avait jusqu’à vendredi pour faire appel de la décision de la juge Vanessa Baraitser, qui avait refusé le 4 janvier son extradition vers les États-Unis en invoquant le risque de suicide du fondateur de WikiLeaks dans le système carcéral américain.

« Oui, nous avons fait appel et nous continuons à chercher à obtenir son extradition », a déclaré à l’AFP le porte-parole du département Marc Raimondi.

Plusieurs organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse avaient demandé à Joe Biden d’abandonner les poursuites contre Julian Assange, estimant que ces poursuites « menacent la liberté de la presse » et créeraient un précédent de nature à « criminaliser » des pratiques journalistiques.

Julian Assange se trouve sous le coup de poursuites lancées sous la présidence de Donald Trump, à qui les soutiens de Julian Assange avaient demandé de le gracier, en vain. Sous Barack Obama, qui avait Joe Biden pour vice-président, la justice américaine avait renoncé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks.

Il y a 10 ans, Joe Biden avait estimé que Julian Assange s’apparentait davantage à un « terroriste high tech » qu’à un héritier des « Pentagon papers » ayant révélé dans les années 1970 les mensonges des États-Unis sur la guerre du Vietnam.

L’Australien de 49 ans est détenu au Royaume-Uni en attendant que la justice britannique examine l’appel et sa fiancée Stella Morris a appelé la cour d’appel britannique à rejeter la demande américaine.

« Toute assurance que pourrait donner le département (américain) de la Justice sur les procédures judiciaires ou le régime de détention que Julian pourrait risquer aux États-Unis serait non seulement inutile, mais aussi dénuée de sens », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

« Cela fait longtemps que les États-Unis rompent leurs engagements en matière de traitement des prisonniers envers les pays qui acceptent l’extradition, y compris le Royaume-Uni, comme l’ont documenté les organisations de défense des droits de la personne à de nombreuses reprises », a-t-elle ajouté.

La justice américaine veut le juger notamment pour espionnage, après la diffusion à partir de 2010 de plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.