(Washington) George Shultz, ancien secrétaire d’État du président républicain Ronald Reagan et grand architecte de la diplomatie américaine à la fin de la Guerre froide, est décédé samedi à l’âge de 100 ans, a annoncé dimanche le Hoover Institute.

« Un des plus grands stratèges de tous les temps, ayant œuvré sous trois présidents américains, George P. Shultz est mort le 6 février », a précisé sur son site internet ce cercle de réflexion rattaché à l’université californienne de Stanford.

« Shultz a joué un rôle-clé, avec le président Ronald Reagan, pour modifier le cours de l’histoire en utilisant tous les outils de la diplomatie afin de mettre un terme à la Guerre froide », a ajouté cet institut dont l’ex-ministre était membre depuis plus de 30 ans.

« Il est l’un des deux seuls Américains à avoir occupé quatre sièges différents au sein du gouvernement fédéral », en tant que ministre des Affaires étrangères, du Trésor, du Travail et directeur du Budget à la Maison-Blanche, a-t-il souligné.

Une autre ancienne secrétaire d’État républicaine, Condoleezza Rice, a salué la mémoire d’un « grand homme d’État américain » et d’un « vrai patriote », qui « a rendu le monde meilleur ».

Professeur d’économie, George Shultz se voyait lui-même plus comme un expert guidé par les chiffres, que comme un idéologue.  

Dans la Maison-Blanche de Ronald Reagan, célèbre pour ses bisbilles internes, il était l’une des figures les moins controversées, conservant des liens cordiaux avec le Congrès et la presse et, de manière plus cruciale, bénéficiant d’un soutien sans faille du président lui-même qui l’a gardé comme son diplomate en chef pendant plus de six années.

Rapprochement avec Gorbatchev

Artisan des premiers contacts entre Ronald Reagan et le régime soviétique à partir de 1983, il assiste avec le vice-président George H. W. Bush aux funérailles du secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique Constantin Tchernenko en 1985.  

C’est là qu’il rencontre le nouveau dirigeant de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, déjà considéré comme un modéré et avec qui il entraperçoit des ouvertures pour un dialogue accru entre les deux puissances rivales.

Le rapprochement avec Gorbatchev a été accueilli avec un profond scepticisme par le ministre de la Défense américaine Caspar Weinberger et le directeur de la CIA Bill Casey, mais Ronald Reagan a fait fi de leurs avis pour privilégier celui de George Shultz.

Le ministre était un fervent adepte de l’idée d’une diplomatie à l’échelle des individus.

C’était également un vétéran de la Seconde guerre mondiale sur le théâtre du Pacifique, où il a combattu le Japon au sein des Marines.  

Après son retrait de la scène politique, George Shultz s’est démarqué de beaucoup de républicains en défendant par exemple l’idée d’une taxe carbone pour lutter contre le changement climatique, ou en appelant à mettre fin à la « guerre aux drogues », pilier de la politique gouvernementale des années Reagan.

Dans un essai écrit à l’occasion de son centième anniversaire en 2020, l’ancien grand commis de l’État se lamentait du style du président Donald Trump, affirmant que les États-Unis, comme les individus, ne pouvaient réussir que si on leur faisait confiance.