(Washington) Les futurs secrétaires de Joe Biden ont affiché mardi leur fermeté face à la Chine et à l’Iran pour faire taire les accusations de faiblesse, tout en promettant de rompre avec la diplomatie unilatéraliste de Donald Trump.

« Nous pouvons remporter la compétition avec la Chine » : le prochain secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé la couleur dès le début du processus de confirmation, par le Sénat, des membres désignés par le président désigné des États-Unis pour intégrer son gouvernement.

Reprenant une rhétorique chère à l’administration Trump, il a décrit la superpuissance rivale comme le pays qui pose à l’Amérique « le défi la plus important ».

Surtout, il a reconnu que le président républicain sortant, qui trouve rarement grâce aux yeux des démocrates, avait « eu raison d’avoir une position plus ferme face à la Chine ».

À la veille de quitter la Maison-Blanche, Donald Trump a sûrement pu apprécier ce satisfecit, lui qui a mis en avant sa stratégie face à Pékin.

« Nous avons redynamisé nos alliances et uni les nations du monde pour faire face à la Chine comme jamais auparavant », a affirmé le milliardaire lors d’un discours d’adieu diffusé par la Maison-Blanche.

Les États-Unis se sont engagés dans une confrontation sans merci avec le géant asiatique, à laquelle le faucon Mike Pompeo, secrétaire d’État jusqu’à mercredi, a donné des allures de nouvelle Guerre froide.

« Position agressive »

Et les conservateurs américains ont multiplié les procès en faiblesse à l’égard de Joe Biden, accusé de faire partie de cette classe dirigeante qui a trop longtemps espéré voir la mondialisation favoriser une démocratisation chinoise.

Face à ces critiques, l’équipe démocrate assure qu’elle saura tenir tête à Pékin.

Antony Blinken a dit partager l’accusation de « génocide » perpétré par la Chine contre les musulmans ouïghours, rendue publique mardi par Mike Pompeo.

« Nous devons nous attaquer aux pratiques abusives, injustes et illégales de la Chine » en matière commerciale, a martelé de son côté la future secrétaire au Trésor Janet Yellen.

Quant à la prochaine directrice du renseignement national, Avril Haines, elle a admis en creux que les démocrates n’avaient pas été suffisamment fermes sous l’administration de Barack Obama, dont Joe Biden était le vice-président, de 2009 à 2017.

« Je suis favorable à une position agressive » pour « répondre à la réalité d’une Chine plus sûre d’elle et plus agressive », a-t-elle dit.

Pour autant, Antony Blinken a promis une diplomatie à l’opposé de celle de Donald Trump, qui a bousculé ses alliés, flirté avec des autocrates, cassé les conventions internationales et méprisé les cercles multilatéraux.

« Nous devons faire face à la Chine depuis une position de force, pas de faiblesse », a-t-il plaidé, en assurant que cela impliquait de « travailler avec les alliés au lieu de les dénigrer, de participer et mener les institutions internationales plutôt que de s’en désengager ».

« Plus fort et plus durable »

À l’égard de l’Iran, si Joe Biden veut clairement renouer le dialogue, son futur chef de la diplomatie a voulu rassurer les nombreux sénateurs, républicains, mais aussi démocrates, qui ont manifesté leur inquiétude.

Le président désigné veut revenir rapidement dans l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump a claqué la porte en le jugeant insuffisant pour endiguer Téhéran.

Antony Blinken a confirmé cette ligne, « si l’Iran revient dans les clous » de ses engagements nucléaires dont il s’affranchit chaque jour un peu plus.

Il a estimé que la sortie de cet accord, dénoncée avec constance par les alliés européens de Washington, avait renforcé la menace nucléaire iranienne, rendant Téhéran « plus dangereux ».

Mais il a aussi promis d’utiliser le retour dans le pacte de 2015 « comme un point de départ, avec nos alliés et partenaires qui seraient à nouveau du même côté que nous, pour rechercher un accord plus fort et plus durable ». Cela devrait inclure le programme de missiles balistiques de l’Iran ainsi que ses « activités déstabilisatrices » au Moyen-Orient.

Au-delà des dossiers spécifiques, Antony Blinken a promis de « revigorer » les « alliances fondamentales » des États-Unis pour les ramener en « première ligne » sur la scène internationale.

« Le leadership américain compte encore », a-t-il lancé. « Ensemble, nous sommes en bien meilleure posture pour contrer les menaces posées par la Russie, l’Iran et la Corée du Nord et pour défendre la démocratie et les droits de la personne. »

Pour mettre en musique ce « retour » de l’Amérique, Joe Biden va ramener dès son arrivée à la Maison-Blanche, mercredi, Washington dans l’accord de Paris sur le climat. Et Antony Blinken a confirmé qu’il tenterait de négocier avec la Russie une prolongation du traité clé de désarmement de leurs arsenaux nucléaires New Start qui expire le 5 février – un des tout premiers tests diplomatiques de l’administration démocrate.