(Washington) Cinq jours après l’assaut sur le Capitole, de nouvelles vidéos confirment l’extrême violence des manifestants qui n’a pas suscité, selon l’ex-chef de sa police, la réponse adéquate de plusieurs responsables sécuritaires.

Un policier à terre roué de coups, des appels à « pendre » le vice-président, des meutes pourchassant un agent : des images virales sur les réseaux sociaux révèlent chaque jour un peu plus l’agressivité déployée par les partisans de Donald Trump, le 6 janvier à Washington.

À coups d’extincteur

Cinq personnes ont péri dans l’attaque sur le siège du Congrès : un policier frappé avec un extincteur, une manifestante abattue par un agent et trois sympathisants du président républicain, morts d’« urgence médicale » distincte.  

Un membre de la police du Capitole, qui était en service lors de ce coup de force, est décédé dimanche. Il s’est suicidé selon plusieurs médias, qui ne précisent pas, toutefois, s’il existe un rapport direct entre son geste et les évènements du 6 janvier.

Compte tenu de la hargne de la foule, et de la présence d’armes à feu dans un pays où elles sont légion, le bilan aurait pu être bien plus lourd.

On n’est pas passé loin de voir près de la moitié de la Chambre mourir.

L’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez interrogée ce week-end sur la chaîne ABC.

« J’ai parlé à des agents qui ont été déployés à deux reprises en Irak et ont eu plus peur que sur ce terrain de guerre », a ajouté lundi le chef de la police de Washington Robert Contee.

De fait, au-delà du mouvement de foule spontané, certains assaillants ont fait preuve d’une réelle brutalité. Sur une vidéo, on voit ainsi plusieurs personnes s’acharnant à coup de matraque, avec le manche de leurs drapeaux américains, et même à l’aide d’une béquille, sur un policier à terre.

Sur un autre enregistrement, un agent est coincé dans des portes coulissantes, il hurle tandis qu’un manifestant tente de lui retirer son masque à gaz. Derrière, un groupe scande « oh hisse » et tente de forcer le passage.

À l’extérieur, selon une autre vidéo, la foule hurle « Pendez Mike Pence ». Le vice-président a suscité la fureur des partisans de Donald Trump en refusant de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle, en cours au Congrès au moment de ce coup de force.

Au moment de l’attaque, il était retranché dans un bunker du Capitole avec sa famille.

Les parlementaires ont eux aussi été mis à l’abri. Et certains collaborateurs « se sont mis sous une table, ont barricadé les portes, éteint les lumières et sont restés silencieux dans le noir, pendant deux heures et demie » a expliqué sur CBS la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

Ils avaient apporté des menottes

De nouveaux éléments laissent entendre que certains des assaillants avaient peut-être pour projet d’enlever des élus. Deux hommes inculpés dimanche étaient en effet équipés de menottes en plastique.  

Plus globalement, l’équipement d’une partie des manifestants témoigne d’un certain degré de préparation.

« Ils sont arrivés avec des casques, des masques à gaz, des boucliers, du gaz au poivre, des feux d’artifice, du matériel d’escalade. Du matériel d’escalade ! », a souligné le chef démissionnaire de la police du Capitole, Steven Sund, dans un entretien avec le Washington Post.

Certains avaient des explosifs, des tuyaux métalliques, des battes de baseball, je n’avais rien vu de pareil en 30 ans à Washington.

Le chef démissionnaire de la police du Capitole, Steven Sund,

Dans cet entretien, il révèle avoir suggéré deux jours avant l’attaque la mobilisation de la Garde nationale. Mais le responsable de la sécurité de la Chambre, le sergent-d’armes Paul Irving, craignait de projeter une mauvaise « image », assure-t-il.

Le Jour-J, c’est le Pentagone qui s’est montré réticent, selon M. Sund. Une demi-heure après les premières intrusions, il a demandé des renforts à l’armée lors d’un appel téléphonique.  

Souci d’image

« Je n’aime pas l’image de la Garde nationale formant une ligne avec le Capitole en arrière-plan », lui a répondu le lieutenant-général Walter Piatt, cité par M. Sund. Des propos confirmés par des responsables de la mairie de Washington ayant assisté à cet échange.  

Finalement, les soldats ne sont entrés en action qu’une fois les lieux sécurisés par des policiers d’élite.

Et l’Histoire retiendra une journée catastrophique pour les États-Unis, tombés d’un coup de leur piédestal de phare de la démocratie. Au point que l’ex-président américain George W. Bush s’est ému d’un spectacle digne d’une « république bananière ».