Alors que les tensions suscitées par la transition politique monopolisent l’attention, la pandémie de COVID-19 gagne en intensité aux États-Unis.

Alors que le nombre d’hospitalisations monte en flèche depuis des semaines, un nouveau record de contaminations a été enregistré vendredi, avec près de 290 000 nouveaux cas en 24 heures. Jeudi, un record de morts avait été rapporté au pays, avec plus de 4000 en 24 heures, du jamais vu en une seule journée.

« Il y a désormais plus de 132 000 personnes hospitalisées en raison de la COVID-19, soit plus que le total enregistré en additionnant les sommets observés lors des vagues du printemps et de l’été », ont indiqué jeudi les responsables du COVID Tracking Project, qui s’alarment de la dégradation de la situation dans plusieurs États du sud et de l’ouest du pays. Vendredi, le nombre avait connu une rare petite diminution, à 131 000 hospitalisations.

Situation désastreuse en Arizona

Selon les données de l’organisation, l’Arizona présente actuellement le taux d’hospitalisation le plus élevé du pays et enregistre près de 10 000 nouveaux cas d’infection par jour dans une population de 7,8 millions d’habitants, comparable à celle du Québec.

« Je panique complètement. Il n’y a pas d’autre façon de décrire ce que je ressens », indique le directeur de l’Arizona Public Health Association, Will Humble.

Les hôpitaux, relève-t-il, sont saturés et fonctionnent en mode de crise alors que l’effet du congé des Fêtes, ponctué de nombreuses rencontres susceptibles de favoriser les infections, commence à peine à se faire sentir.

Des établissements n’acceptent pas des personnes qu’ils accepteraient normalement et renvoient à la maison des patients après avoir écourté leur traitement. Dans 10 jours, je ne sais pas où les nouveaux malades vont aller.

Le Dr Will Humble, directeur de l’Arizona Public Health Association

Le spécialiste de santé publique en veut au gouverneur de l’État, Doug Ducey, républicain proche du président sortant Donald Trump, qui refuse de resserrer les restrictions sanitaires en place.

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Doug Ducey, gouverneur républicain de l’Arizona

Son administration, note M. Humble, estime notamment que la fermeture de commerces est peu susceptible d’aider à freiner la crise sanitaire à ce stade et risque de s’avérer plus dommageable encore pour la population en aggravant la situation économique.

L’État, dit-il, dispose d’une enveloppe de plusieurs centaines de millions de dollars obtenue de Washington pour indemniser des entreprises frappées par d’éventuelles restrictions, mais il mise plutôt sur la vaccination pour renverser la vapeur.

« L’Arizona est en voie de mettre le vaccin dans suffisamment de bras pour nous permettre de retrouver la normalité qui manque à nos vies depuis des mois », a indiqué il y a quelques jours la directrice du département de la Santé, la Dre Cara Christ.

Le DJoshua LaBaer, rattaché à l’Arizona State University, note que le processus de vaccination mettra des mois à faire sentir son effet sur la crise.

L’État, dit-il, a commencé à enregistrer une hausse de cas en novembre après avoir réussi à endiguer une forte vague durant l’été avec des mesures de confinement que le gouverneur ne veut pas réutiliser, dont la fermeture des bars et des restaurants.

« Les chiffres vont continuer à croître tout au long de janvier avant d’atteindre peut-être un sommet en février. Les perspectives ne sont pas très réjouissantes », souligne le DLaBaer.

La Californie, la Géorgie et l’Alabama ne sont pas en reste

M. Humble pense que l’Arizona se trouve du point de vue sanitaire quelques semaines derrière la Californie, où plusieurs établissements sont submergés.

Le comté de Los Angeles a notamment demandé plus tôt cette semaine aux ambulanciers d’économiser l’oxygène et de ne pas transporter à l’hôpital de patients victimes d’un arrêt cardiaque qui ont de très faibles chances de survie pour limiter l’engorgement des établissements.

Selon le COVID Tracking Project, plus de 40 hôpitaux en Géorgie ne peuvent plus accepter de nouveaux patients aux soins intensifs ou aux urgences faute de place.

L’Alabama fait aussi face à une forte augmentation des cas d’infection et à un taux d’hospitalisation élevé qui reflète celui observé en Arizona.

Le DDon Williamson, qui dirige l’association des hôpitaux de l’État, s’est alarmé en début de semaine dans une entrevue accordée à une radio de Birmingham du fait que le temps des Fêtes commençait à peine à faire sentir son effet alors que le taux d’occupation des lits frôle 100 %.

La population, dit-il, a trop souvent refusé de se conformer à des mesures de base, comme le port du masque, faisant écho aux réserves exprimées par Donald Trump tout au long de la pandémie.

« Pour des raisons que je ne comprendrai peut-être jamais, nous avons eu la malchance de vivre une pandémie dans un environnement où la science a été politisée alors que politique et science font rarement bon ménage », a déploré M. Williamson.