(Washington) La sénatrice républicaine modérée Lisa Murkowski a appelé vendredi Donald Trump à démissionner après les violences au Capitole, première de son parti à sauter le pas à la chambre haute tandis que les démocrates réclament son départ immédiat.

« Je veux qu’il démissionne. Je veux le voir partir. Il a causé assez de dégâts », a déclaré la parlementaire, déjà connue pour ses positions modérées qui l’ont parfois amenée à voter avec les démocrates.  

Mercredi, des sympathisants de Donald Trump avaient fait irruption au Congrès pendant une séance extraordinaire visant à certifier la victoire de son successeur Joe Biden, provoquant de violentes scènes de chaos.  

Peu avant, le milliardaire républicain avait refusé une nouvelle fois de reconnaître sa défaite, appelant ses partisans rassemblés devant la Maison-Blanche à se rendre « pacifiquement » devant le Capitole.

« Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force », avait-il lancé.  

Dans un entretien au journal Anchorage Daily News, Lisa Murkowski a évoqué ces propos.  

« Comment sont-ils censés le prendre ? C’est un ordre du président. Et donc c’est ce qu’ils ont fait. Ils sont venus et se sont battus, et des gens ont été blessés, et sont morts. »

Donald Trump quittera la Maison-Blanche le 20 janvier, lorsqu’il cédera le pouvoir au 46e président des États-Unis.

Ces dernières semaines, « il ne s’est pas concentré sur ce qu’il se passe avec le Covid. Il était soit en train de faire du golf, soit furieux dans le bureau Ovale, occupé à sacrifier tous ceux qui lui ont été loyaux et fidèles », a estimé Lisa Murkowski.

« Il veut juste y rester pour le titre […] pour son ego. Il faut qu’il parte. C’est la chose à faire, mais je ne suis pas sûre qu’il soit capable de faire une bonne chose », a asséné Mme Murkowski.  

Un républicain de la Chambre des représentants, Adam Kinzinger, a appelé jeudi à démettre Donald Trump en invoquant l’article 25 de la Constitution américaine, qui permet de déclarer le président « inapte » à exercer ses fonctions.

Un sénateur républicain critique de Donald Trump, Ben Sasse, a lui affirmé vendredi qu’il examinerait les chefs d’accusation si la Chambre ouvrait une procédure de destitution.

Signe du malaise entre partisans et critiques du milliardaire au sein du parti républicain, Lisa Murkowski n’a pas écarté la possibilité de le quitter :

« Si le parti républicain n’est devenu rien d’autre que le parti de Trump, je me demande sincèrement si ce parti est pour moi. »

Dans un Capitole encore sous le choc des violences, le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche allié de Donald Trump, avait annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi qu’il cessait d’emboîter le pas du président : « Ne comptez plus sur moi. Trop c’est trop. »

Une rupture qui lui a valu d’être accusé de trahison par une petite foule de partisans du président républicain à l’aéroport de Washington, vendredi.

Pris dans une volée d’injures et de hurlements, protégé par des policiers, le républicain avance sans répondre, sur une vidéo d’un peu plus d’une minute publiée sur Twitter.

« Lindsey Graham, vous avez trahi ce pays », lui crie une femme.