(Washington) Les défenseurs d’une Américaine qui doit être exécutée la semaine prochaine ont adressé mardi en son nom une demande de clémence au président Donald Trump, arguant qu’elle a été victime de viols collectifs dans son enfance et souffre de troubles mentaux.

Lisa Montgomery, condamnée à la peine capitale pour avoir tué une femme enceinte afin de lui voler son fœtus, pourrait devenir la première femme exécutée par la justice fédérale depuis 1953.

Le gouvernement républicain a renoué avec les exécutions fédérales en juillet, après 17 ans de pause, et les enchaîne depuis à un rythme soutenu.  

PHOTO NICHOLAS KAMM, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des manifestants protestant contre la reprise des exécutions aux États-Unis, le 10 décembre 2020, devant le ministère de la Justice, à Washington.

Jugeant le crime de Mme Montgomery « particulièrement odieux », il a fixé au 12 janvier la date de son exécution, soit huit jours avant le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche.

En 2004, elle souhaitait avoir un enfant avec son nouveau mari, mais ne pouvait pas, ayant subi une ligature des trompes quelques années plus tôt.

Elle avait alors repéré une femme enceinte de huit mois sur un forum de discussions et s’était présentée à son domicile dans le Missouri sous prétexte de lui acheter un chien. À la place, elle l’avait étranglée, avant de lui découper l’utérus, et l’avait abandonnée dans un bain de sang.  

Elle était partie avec la petite fille — qui a survécu — mais avait été arrêtée le lendemain.

Sans nier la gravité des faits, ses proches et ses avocats ont demandé au président sortant de commuer sa peine en rétention à perpétuité. Cela « enverrait un important message […] sur le besoin de venir en aide aux victimes de violences domestiques et d’abus sexuel », ont-ils écrit dans leur demande.

Selon eux, « sa vie a été remplie d’une terreur inconcevable » : elle a été victime adolescente de viols collectifs commis par son beau-père et des amis à lui, puis « vendue » à d’autres hommes par sa mère alcoolique et violente. Mariée à 18 ans à son demi-frère, elle a subi de nouveaux abus.  

« Elle a été brisée », « profondément transformée par ces abus » sans jamais recevoir d’aide, a commenté lors d’une conférence de presse sa demi-sœur Diane Mattingly qui, elle aussi, avait subi des viols avant d’être extraite de la famille.

Elle souffre de graves problèmes mentaux, dont une dissociation de la réalité, écrivent ses défenseurs, qui estiment que cela devrait servir de « circonstances atténuantes ».

Le président Trump, un fervent défenseur de la peine de mort, n’a jamais accepté jusqu’ici aucune demande de clémence adressée par un condamné à mort. Deux autres exécutions fédérales sont prévues la semaine prochaine.