(Washington) Un influent élu américain a appelé mardi à une nouvelle politique des États-Unis avec le Venezuela, où le président Nicolas Maduro a pris les commandes du parlement après un scrutin législatif rejeté par une grande partie de la communauté internationale.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a annoncé que les États-Unis ne reconnaissaient pas le nouveau parlement issu « d’élections frauduleuses » et continuaient de considérer l’opposant Juan Guaidó comme le « président légitime » du pays.

Mais dans un entretien avec l’AFP, le nouveau président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Gregory Meeks, a souligné que les États-Unis pouvaient difficilement critiquer les élections au Venezuela, au moment où le président sortant Donald Trump cherche, avec le soutien d’élus républicains, à inverser le résultat d’un scrutin qu’il a perdu.  

« Il est clair que ce gouvernement n’est pas sur la bonne voie », a-t-il indiqué. « En fait, je pense que beaucoup de Vénézuéliens rigolent, parce que pour moi, ce que Trump est en train de faire avec cette élection est très similaire à ce que Maduro a essayé de faire au Venezuela ».

« Il nous faut une politique différente », a ajouté l’élu démocrate de New York, premier Afro-Américain à président la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès.

M. Meeks s’est rendu à plusieurs reprises au Venezuela, où il a rencontré le prédécesseur de M. Maduro, Hugo Chavez, et l’ex-président Barack Obama l’avait chargé de représenter les États-Unis aux obsèques de M. Chavez en 2013.

Selon lui, les États-Unis devraient « coopérer de façon multilatérale » avec les acteurs régionaux et les organisations internationales.  

« Nous ne pouvons pas aller là-bas et dire : voilà qui est votre président. Ce n’est pas notre rôle, c’est le rôle du peuple vénézuélien », a-t-il estimé.

M. Meeks n’a pas pour autant appelé le prochain président américain Joe Biden à revenir sur la reconnaissance par les États-Unis de Juan Guaidó en tant que président par intérim. Selon lui, les États-Unis devraient surtout encourager l’opposition vénézuélienne, souvent divisée, à s’unifier.

Pour régler le problème des fraudes électorales, il faudrait selon lui renforcer les institutions du pays, y compris en admettant des représentants de l’opposition au sein de la commission électorale.

« Il faut s’assurer d’un climat adéquat sur le terrain pour avoir une élection libre et juste », a-t-il noté.

Plus de 50 pays, notamment la plupart des États d’Amérique Latine et d’Europe, reconnaissent Juan Guaidó comme président par intérim du pays en crise, et Washington n’a cessé de renforcer ses sanctions pour obtenir le départ du dirigeant socialiste, sans succès.