(Washington) À deux mois de la fin de son mandat, Donald Trump a sondé de hauts responsables américains sur la possibilité d’« agir » contre un site nucléaire iranien, affirme lundi le New York Times selon lequel ils l’en ont dissuadé.

C’est lors d’une réunion jeudi dans le Bureau ovale, selon le quotidien, que le président américain sortant a demandé à plusieurs collaborateurs, dont le vice-président Mike Pence, le secrétaire d’État Mike Pompeo et le chef d’état-major Mark Milley « s’il avait des options pour agir contre » ce site « dans les prochaines semaines ».

Ces hauts responsables « ont dissuadé le président d’aller de l’avant avec une frappe militaire », au vu du risque que cela dégénère rapidement en un conflit plus vaste, dit le quotidien.

Le New York Times écrit que M. Trump a posé la question après qu’un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) eut indiqué que le stock d’uranium faiblement enrichi accumulé par Téhéran était désormais 12 fois supérieur à la limite prévue par l’accord international de Vienne sur le nucléaire iranien (2015), texte que le président américain a dénoncé unilatéralement en 2018.

Selon le journal, c’est le complexe nucléaire de Natanz, dans le centre de l’Iran, qui aurait le plus probablement pu être visé.

« Il pourrait y avoir des tentatives » d’attaquer l’Iran, « mais, personnellement, je ne prévois pas une telle chose », a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabii, pressé de réagir à l’article du New York Times.

« Je ne crois pas possible qu’ils puissent vouloir augmenter l’insécurité dans le monde et dans la région », a ajouté M. Rabii, précisant donner ici une « opinion » personnelle et non s’exprimer « en temps que porte-parole du gouvernement ».

« Mais en tout état de cause, notre réponse courte a toujours été celle-ci : qu’à toute action contre le peuple iranien, il sera apporté une réponse dévastatrice », a ajouté M. Rabii, reprenant une formule habituelle des autorités civiles et militaires iraniennes.

L’Iran est la bête noire de Donald Trump, qui en quittant l’accord de Vienne, a rétabli les sanctions américaines contre la République islamique que ce pacte avait permis de lever.

En riposte, Téhéran s’est affranchi depuis 2019 de la plupart de ses engagements clefs pris à Vienne.

Les Européens tentent de sauver l’accord de Vienne, au moins jusqu’à l’entrée en fonctions de Joe Biden, gagnant de la présidentielle américaine du 3 novembre dont Donald Trump n’a toujours pas reconnu la victoire et qui devrait renouer avec la diplomatie.

Or le gouvernement Trump a promis de renforcer encore les mesures punitives contre l’Iran – une stratégie vue par certains observateurs comme la volonté de bâtir un tel « mur de sanctions » qu’il serait difficile à Joe Biden de revenir en arrière.