(Washington) Des sourires crispés et une tension palpable : plusieurs centaines de partisans de Joe Biden ont passé la soirée de l’élection présidentielle dans le centre de Washington, sûrs de la victoire du candidat démocrate mais inquiets de voir Donald Trump contester les résultats.

Depuis l’après-midi, des centaines de personnes se sont retrouvées dans le centre de la capitale sur la « Black Lives Matter Plaza », devenue le symbole de l’opposition à Donald Trump aux abords de la Maison-Blanche, transformée en camp retranché.  

Sur cette avenue emblématique, rebaptisée par la municipalité démocrate après la mort en mai de l’Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc, les mini-concerts de batterie ont fait concurrence aux slogans politiques pendant une partie de la soirée.

Un grand drapeau « Trump ment tout le temps » a été déployé devant le grillage qui délimite le périmètre de sécurité installé autour de la Maison-Blanche.  

Mais au fil de la soirée, plusieurs États-clés, notamment la très importante Floride, ont basculé en faveur du milliardaire républicain et les sourires se faisaient plus crispés.  

L’ambiance festive a laissé place à une atmosphère de tension, alimentée par les invectives entre rares partisans de Donald Trump et nombreux militants antiracistes. Comme un symbole de la profonde division du pays.

« Nous sommes là pour soutenir Joe Biden et (sa colistière) Kamala Harris, en espérant faire la fête », témoigne Tammi Girgenti, une fonctionnaire retraitée de 51 ans, « un peu nerveuse ».

« Mais je pense que Joe Biden peut l’emporter ce soir, demain ou après-demain », ajoute-t-elle en souriant.

Environ 100 millions d’électeurs ont voté avant le jour de l’élection, du jamais vu dans l’histoire des États-Unis, et les résultats complets pourraient ne pas être connus dans la nuit de mardi à mercredi.

A Washington, un fief démocrate, beaucoup craignent que, comme il l’a suggéré, Donald Trump ne reconnaisse pas sa défaite.

Cortège sous tension

« Je ne fais pas encore la fête », même si « l’atmosphère est positive et entraînante », dit Kristin Kunze, 28 ans, qui porte une pancarte de soutien au ticket Biden-Harris.

« Je suis venue parce que je préfère être ici plutôt que chez moi à m’inquiéter », explique cette habitante de Virginie, au sud de la capitale, qui a voté par correspondance.

« Je suis inquiète parce que même si Joe Biden gagne, Donald Trump ne reconnaîtra pas sa défaite parce qu’il a un trop grand égo », poursuit la jeune femme.

Susan Ryan et Lauren Sanders, toutes les deux écrivaines à New York, veulent aussi attendre avant de fêter la victoire de leur candidat.  

« Nous ne quitterons pas la rue avant de savoir que Donald Trump a accepté de s’en aller pacifiquement », assure Lauren Sanders.

Un peu plus loin, sur la place McPherson, quelques dizaines de personnes ont suivi la soirée électorale devant un écran géant qui retransmet CNN.

Sabina Rogers, 42 ans, se dit inquiète en regardant les résultats des différents États s’afficher. « Je pense que Joe Biden va gagner le vote populaire, mais il y a une incertitude à cause du système de collège électoral » et des grands électeurs des États-clés indispensables à la victoire, témoigne cette habitante de Washington.  

Elle craint surtout que « les républicains tentent de profiter du système » pour retarder ou influer sur les résultats.

Autre inquiétude, relayée depuis quelques jours sur les réseaux sociaux : les éventuelles violences qui pourraient éclater après l’annonce des résultats.

En fin de soirée, plusieurs centaines de militants antifascistes, vêtus de noir, masqués et cagoulés, ont entamé une marche dans la ville, aux cris de « Pas de justice, pas de paix » ou scandant des slogans hostiles à la police.  

Le cortège a sillonné les rues vides de la capitale, sans incident majeur, malgré des tensions avec la presse et entre manifestants.   

La plupart des bâtiments du centre étaient protégés par du contreplaqué pour éviter les éventuelles dégradations et un important dispositif policier est resté en place toute la soirée.