(Washington) Les membres du « Secret Service » étaient déjà prêts à se prendre une balle pour protéger le président américain. Ils sont désormais sous la menace du coronavirus à travers Donald Trump lui-même, déclaré positif à la COVID-19.

Le refus du milliardaire républicain de porter un masque à la Maison-Blanche ou en campagne avant son hospitalisation, vendredi, a contribué selon la presse à la propagation du virus parmi les employés de la présidence, les invités et peut-être même une dizaine de ses gardes du corps.

Dimanche, alors qu’il était soigné à l’hôpital militaire Walter Reed, en banlieue de Washington, il a tenu à saluer en voiture ses partisans rassemblés derrière les grilles.

Tous les occupants de la voiture portaient des masques mais les vitres sont restées hermétiquement fermées, mesure de sécurité habituelle pour un véhicule transportant le président, alors que ce dernier était encore contagieux. Une mesure de sécurité qui vire au danger pour les passagers présents dans la voiture.

« C’est une folie », a réagi sur Twitter un des médecins de l’hôpital, James Phillips.

« Chaque occupant du véhicule lors de cette "promenade" présidentielle pas du tout nécessaire doit maintenant se placer en quarantaine pendant 14 jours », a-t-il ajouté.

« Ils pourraient tomber malades. Ils pourraient mourir. Pour une mise en scène politique », a-t-il fustigé.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Judd Deere, a assuré que les « précautions nécessaires » avaient été prises et que les médecins avaient donné leur feu vert à cette opération.

« Partie du boulot »

Le risque est inhérent au travail de ces agents d’élite spécialisés dans la protection rapprochée du président et du vice-président américains.

En 1963, Clint Hill avait - trop tard - couvert de son corps John F. Kennedy et la première dame Jacqueline lors de l’assassinat du président à Dallas.

En 1981, Tim McCarthy s’était également interposé entre Ronald Reagan, blessé par balle, et l’auteur de l’attentat.

« Ça fait juste partie du boulot », explique le journaliste Ronald Kessler, auteur de deux livres sur le Secret Service. « En s’engageant, ils savent qu’il y a des risques de se faire tirer dessus ».

Mais la pandémie de coronavirus est une nouvelle menace alors que le président, depuis plusieurs mois en campagne pour sa réélection, refuse de porter un masque, comme grand nombre de ses partisans.

Plusieurs agents ont dû se mettre en quarantaine en juin, après un rassemblement de M. Trump à Tulsa (Oklahoma), et d’autres ont été déclarés positifs à la suite d’un discours du président à Tampa (Floride) en juillet, selon le Washington Post.

Il y aurait également eu plusieurs cas dans leur centre d’entraînement au Maryland, près de Washington.

Une porte-parole du Secret Service n’a pas confirmé ces informations, évoquant la « sensibilité » de ses opérations.  

Ronald Kessler, également auteur d’un livre sur Donald Trump, explique que les agents lui sont « très loyaux » car « il les traite avec respect et considération ».

Il estime toutefois que le président a pris « des risques inutiles et envoyé le mauvais message » en faisant son tour en voiture.

Michelle Obama, qui continue à bénéficier d’une protection en sa qualité d’ancienne première dame, s’en est aussi pris à M. Trump mardi.

« Je pense à tous ceux qui sont touchés par ce virus, spécialement le Secret Service et les employés de la Maison-Blanche dont les services ne doivent pas être tenus pour acquis », a-t-elle écrit sur Twitter.