(Washington) Le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) aux États-Unis, Robert Redfield, a déploré mercredi devant le Congrès les attaques d’un responsable du ministère de la Santé (HHS) proche du président Donald Trump et qui a depuis quitté son poste.

« J’aimerais ajouter à quel point j’ai été déçu personnellement quand des gens au HHS ont fait des commentaires selon lesquels ils pensaient qu’il y avait aux CDC un “deep state” », soit un État profond ou un État dans l’État, a déclaré Robert Redfield lors d’une audition.  

Il faisait référence à Michael Caputo, ancien chef de la communication du ministère de la Santé, qui a pris un congé la semaine dernière après des révélations sur de multiples pressions exercées sur les experts scientifiques des CDC, par exemple pour édulcorer des recommandations sanitaires ou des études sur la COVID-19, afin d’encourager le retour à la normale voulu par M. Trump.  

Il avait déclaré croire à une « sédition » au sein des CDC, avec des fonctionnaires décidés à « attaquer » le président.

La célèbre agence sanitaire a perdu en crédibilité et a été accusée par des experts en santé publique de s’être laissée influencer par l’administration Trump, notamment pour avoir officiellement tenté de dissuader, sur son site, des personnes sans symptômes de se faire tester. Sur cette question des tests, elle a finalement fait volte-face.

Robert Redfield, lui-même visé par les critiques les plus acerbes, a défendu le dévouement des agents et scientifiques des CDC. « Je trouve ce type de commentaires insultants », a-t-il dit.

Les CDC ne sont pas la seule agence fédérale à être soupçonnée de plier l’échine sous les pressions de la Maison-Blanche. L’Agence des médicaments (FDA) est sous surveillance des élus et des experts avant l’une des décisions les plus importantes de son histoire : une éventuelle autorisation d’un vaccin contre la COVID-19, alors que quatre essais cliniques de phase 3 sont en cours (dont un, celui d’AstraZeneca, reste temporairement suspendu).

Son chef, Stephen Hahn, a défendu dans la même audition un processus rigoureusement scientifique, sans interférence du pouvoir politique, alors que Donald Trump a dit espérer un vaccin avant l’élection présidentielle du 3 novembre.

« La FDA n’autorisera ou n’approuvera aucun vaccin dans lequel nous n’aurions pas confiance et que nous ne donnerions pas à nos familles », a assuré Stephen Hahn.

« Je me battrai pour la science », a-t-il martelé. « Je me battrai pour l’intégrité de l’agence ».