(Clovis) Un demi-million de personnes ont été évacuées jeudi dans l’État de l’Oregon, alors que les pompiers luttaient contre des incendies d’une ampleur sans précédent sur toute la côte Ouest des États-Unis, les autorités locales craignant que les pertes humaines n’augmentent dans les prochains jours.

La mort d’au moins 15 personnes a été confirmée au cours des dernières 24 heures en Californie, dans l’Oregon et à Washington, mais les responsables affirment que certaines zones sont encore impossibles à atteindre.

« Environ 500 000 habitants de l’Oregon ont été évacués et ce chiffre continue de croître », selon un communiqué des autorités de l’État, où les pompiers luttent contre des incendies de forêt s’étendant sur 365 000 hectares, « un record ».

Dans le nord-ouest de la Californie, l’incendie baptisé « August Complex Fire », assemblage de 37 feux qui ont touché la forêt de Mendocino à partir du 17 août, est officiellement devenu jeudi le plus étendu de l’histoire dans cet État, avec plus de 190 000 hectares.

Les feux sont disséminés de l’État de Washington au nord, frontalier du Canada, jusqu’à San Diego au sud, à la frontière mexicaine, alimentés par une sécheresse chronique et des vents violents qui faiblissaient toutefois jeudi.

Dans l’Oregon, où au moins cinq villes ont été « significativement détruites », la gouverneure Kate Brown a souligné qu’en l’espace de seulement trois jours, les flammes avaient consumé le double de la végétation qui brûle en moyenne en une année.

« Nous n’avons jamais vu des incendies hors de contrôle d’une telle ampleur dans notre État », a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse, sans pouvoir donner un bilan actualisé des victimes.

À Molalla, l’une des nombreuses villes au sud de Portland menacées par les incendies, des policiers ont fait jeudi du porte-à-porte pour inciter tous les habitants à quitter les lieux, conformément aux instructions.

« C’est très dur. C’est une chose de laisser votre maison, c’en est une autre de s’entendre dire que vous êtes obligés de partir », déclare Denise Pentz, rencontrée par l’AFP alors qu’elle entasse à la hâte ses biens dans une remorque.

« C’est ici que mes enfants ont grandi. C’est chez moi. Mais le plus important c’est que mes bébés, mon mari, mon chien, mon chat, que tous mes voisins se soient mis en sécurité », ajoute-t-elle.

Montagne « rougie »

En Californie, la police a annoncé jeudi soir le décès de sept personnes supplémentaires dans le comté de Butte, portant à 10 le nombre de tués dans la région, déjà ravagée par de gigantesques incendies qui avaient fait 86 victimes en novembre 2018. Et un quatrième mort a été retrouvé dans une région isolée et sauvage proche de l’Oregon.  

Plus au sud, près de Fresno, de nombreux autres habitants ont aussi dû fuir en quelques minutes.

Tina Rose, 29 ans, a ainsi abandonné sa maison après avoir vu la montagne « rougir » sous l’effet des incendies. « On était en train de tout emballer et on pouvait entendre les citernes de propane exploser. Quand on a entendu la seconde, on s’est dit “On doit filer au cas où le feu accélère”, parce qu’on ne sait jamais », a-t-elle raconté à un journaliste de l’AFP. « C’est quelque chose qu’on ne veut plus jamais revivre ».

Le Creek Fire a déjà brûlé plus de 70 000 hectares, semant la désolation sur son passage : carcasses de voiture calcinées, maisons dont il ne reste que la cheminée de briques…

Environ 360 bâtiments ont été détruits, selon les pompiers californiens, qui ont déployé près de 1000 hommes pour combattre les flammes.

Dans l’ensemble de l’État, plus d’une vingtaine d’incendies font rage et le feu a consumé cette année plus de 12 500 km2 dans l’État, un record depuis que ces données sont relevées en 1987.

Près de Los Angeles, l’incendie « Bobcat Fire », toujours hors de contrôle, a dévasté plus de 9000 hectares, selon les pompiers.

« Nous n’abandonnerons pas »

Plus de 200 000 hectares sont partis en fumée dans l’État de Washington, selon le gouverneur Jay Inslee, qui a dénoncé jeudi les conséquences catastrophiques du changement climatique.

« Nous n’abandonnerons pas l’avenir de cet État face au changement climatique », a-t-il affirmé sur Twitter. « Je penserai à ces incendies et leurs impacts sur nos populations quand nous prendrons nos prochaines décisions pour combattre le changement climatique ».

Il a également salué la mémoire d’un bébé d’un an retrouvé par des équipes de secours auprès de ses parents gravement brûlés qui tentaient d’échapper au brasier, à environ 200 km de Seattle. « La famille de l’enfant et sa communauté ne seront plus jamais les mêmes », a déclaré Jay Inslee.