(Nations unies) Les États-Unis ont essuyé mardi un nouveau désaveu à l’ONU dans leur volonté de voir rétablir des sanctions internationales contre l’Iran, la présidence du Conseil de sécurité affirmant ne « pas être en mesure » de prendre une décision pour concrétiser cet objectif.

Assurée en août par l’Indonésie, la présidence du Conseil n’est « pas en mesure de décider d’une nouvelle action » pour faire droit à la demande américaine, a déclaré l’ambassadeur indonésien, Dian Triansyah Djani.

Lors d’une visioconférence consacrée au Moyen-Orient, il a avancé comme raison principale l’absence de consensus au sein de l’instance suprême onusienne sur la démarche de Washington.

Dans la foulée d’une notification la semaine dernière des États-Unis à l’ONU visant à rétablir des sanctions internationales contre Téhéran, 13 membres du Conseil de sécurité sur 15 (sans les États-Unis et la République dominicaine) avaient écrit à la présidence indonésienne pour rejeter sa validité.

Selon ces pays, Washington, ne faisant plus partie depuis 2018 de l’accord nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran, n’a pas de base légale pour déclencher à l’ONU un retour de sanctions internationales via ce pacte.  

Cette notification « n’a pas eu lieu pour nous », indique à l’AFP sous couvert d’anonymat un diplomate d’un des 13 pays en question.  

Dans leur démarche, « les États-Unis sont seuls » et « leur but final est de détruire l’accord nucléaire alors qu’ils ont déjà imposé des sanctions (nationales) à l’Iran », ajoute-t-il.

« La saisine de l’ONU par les États-Unis a été jugée illégale par 13 membres du Conseil de sécurité. Normalement le sujet est clos », renchérit un ambassadeur, également sous couvert d’anonymat.

Mais les États-Unis ne s’avouent pas vaincus.

« En vertu de la résolution 2231 » ayant entériné l’accord nucléaire de 2015, « nous sommes en droit de déclencher » le retour de sanctions internationales et gardons la « ferme intention de le faire en l’absence de courage et de clarté morale du Conseil », a asséné l’ambassadrice américaine à l’ONU, Kelly Craft.

En vertu de l’accord de 2015, une notification de violation de ses engagements par l’Iran doit en principe être suivie d’une proposition de résolution par la présidence du Conseil de sécurité.  

La mise à l’écart de cette option par l’Indonésie a été saluée mardi par plusieurs membres du Conseil.

Selon des diplomates, Washington pourrait aller jusqu’à déposer son propre projet de résolution, ouvrant la voie à encore davantage de confusion. Dans ce cas, estime un ambassadeur, ses opposants au Conseil pourraient aller jusqu’à ne pas participer au vote.

Dans un communiqué mardi soir, la mission iranienne à l’ONU s’est félicitée du rejet de la démarche américaine par « une majorité écrasante » au Conseil de sécurité. La notification américaine est « nulle et non avenue, n’a pas de valeur et d’effet juridique et est donc totalement irrecevable », indique ce communiqué.