(Milwaukee) Se présentant en rassembleur, Joe Biden sera officiellement désigné candidat contre Donald Trump lors d’une convention démocrate inédite qui démarrera lundi entièrement en ligne, bouleversée, comme toute la campagne présidentielle américaine, par la pandémie de COVID-19.

Oubliez l’ambiance des conventions républicaines et démocrates traditionnelles : grand-messes politiques qui marquent tous les quatre ans le coup d’envoi officiel de la campagne, attirant des milliers de membres survoltés des deux partis.  

Dans une première historique, les démocrates ont annoncé début août qu’à cause de « l’aggravation de la pandémie de coronavirus » aucun intervenant ne viendrait parler en personne à la convention prévue du 17 au 20 août à Milwaukee, dans l’État-clé du Wisconsin.  

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La convention démocrate de 2016 s'est tenue à Philadelphie, en Pennsylvanie.

Un coup dur pour cette ville en bord du lac Michigan, qui se préparait depuis des mois à accueillir l’évènement.  

Vendredi soir, les trottoirs autour du centre de convention étaient quasi-déserts. « Je pensais que ça serait bien pour la ville, parce que cela aurait ramené beaucoup d’argent », raconte Dan, 40 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille.  

« C’est juste une mauvaise année », soupire-t-il sous son masque.  

Mais virtuelles ou pas, les conventions promettent encore, cette année, de marquer une accélération dans le rythme de la campagne.

Au dernier soir, jeudi, « Joe Biden parlera de sa vision pour rassembler les États-Unis afin de nous faire sortir du chaos constant et de la crise », ont annoncé les démocrates.  

Le vétéran de la politique, sénateur pendant plus de 35 ans, acceptera alors sa nomination pour défier Donald Trump le 3 novembre.  

Le discours de la candidate à la vice-présidence tout nouvellement désignée, Kamala Harris, sera aussi très attendu mercredi.  

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La sénatrice Kamala Harris

Sénatrice, ex-procureure, cette fille d’immigrés jamaïcain et indienne est la première candidate noire et d’origine du sud de l’Asie choisie par un grand parti.

Joe Biden, 77 ans, et Kamala Harris, 55 ans, s’exprimeront chacun depuis Wilmington, dans le Delaware, où réside l’ancien vice-président de Barack Obama.

Signe de leur grande popularité chez les démocrates, Barack et Michelle Obama partageront la tête d’affiche avec les Biden.  

C’est l’ancienne première dame qui ouvrira le bal des grandes personnalités, lundi soir, après une journée marquée par de premières réunions, en ligne, des différents groupes d’électeurs démocrates, qui débuteront à la mi-journée.  

Entrecoupés de concerts, les grands discours auront lieu dans la soirée.

Enseignante, très présente à ses côtés pendant la campagne, l’épouse du candidat, Jill Biden, 69 ans, sera la tête d’affiche du mardi soir.  

Soucieux d’éviter les profondes divisions qui avaient traversé le parti en 2016 entre les partisans d’Hillary Clinton et de Bernie Sanders, Joe Biden a cette fois pris soin d’appeler les troupes progressistes à coopérer sur le programme du parti.  

Grand rival de Joe Biden dans la primaire, le sénateur indépendant fera d’ailleurs un discours lundi soir et la jeune vedette du Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, aura droit à… une minute de temps de parole mardi.

S’il appartient à l’aile modérée, Joe Biden se présente en fait, selon les mots de Barack Obama, avec le « programme le plus progressiste » de l’histoire des présidentielles américaines.  

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Barack Obama et Joe Biden saluent les partisans démocrates réunis à Charlotte, en Caroline du Nord, lors de la convention de 2012.

Également au calendrier : l’ancien président Bill Clinton (mardi) et Hillary Clinton (mercredi).  

Un républicain prendra aussi la parole, symbole de ces conservateurs qui fuient Donald Trump : l’ex-gouverneur de l’Ohio John Kasich (lundi).  

Trump en trublion

Les démocrates n’ont pas choisi le Wisconsin au hasard : Donald Trump avait créé la surprise en remportant en 2016 cet État par une très courte avance, lui ouvrant les portes, avec d’autres victoires sur le fil dans des États du Midwest, de la Maison-Blanche.  

Beaucoup de « Wisconsinites » démocrates avaient alors déploré que Hillary Clinton n’y ait pas fait campagne après la convention.

Cette fois, il s’agit pour les démocrates de mobiliser les électeurs noirs de Milwaukee qui s’étaient abstenus en bien plus grand nombre pour Hillary Clinton que pour Barack Obama mais aussi de reconquérir les agriculteurs, tout en séduisant les habitants des banlieues résidentielles.  

Sauf que Donald Trump s’est saisi de l’annonce que la convention serait uniquement virtuelle pour affirmer que les démocrates « ignorent encore une fois les gens merveilleux du Wisconsin ».  

Pied de nez évident, faisant fi de la pandémie, le président républicain vient d’ailleurs d’annoncer qu’il ferait un discours lundi, en personne, à Oshkosh, au nord de Milwaukee.  

Son sujet ? « Les échecs de Joe Biden sur l’emploi et l’économie ».  

Donald Trump ne devrait pas non plus se rendre à la convention républicaine, prévue du 24 au 27 août, mais compte prononcer un discours pour officialiser sa candidature, dans un lieu restant à fixer.  

La convention démocrate en détail

Quand ? Du 17 au 20 août.

Où ? La convention devait se tenir à Milwaukee, dans l’État clé du Wisconsin, mais elle a été rendue entièrement virtuelle. Son slogan : « Rassembler les États-Unis ».  

Qui? Des invités parleront chaque jour entre 21 h et 23 h.  

Le discours de la colistière de Joe Biden, Kamala Harris, est prévu mercredi depuis Wilmington, dans le Delaware. L’ancien président Barack Obama sera la tête d’affiche mercredi et son épouse Michelle s’exprimera lundi.

Parmi les autres personnalités à prendre le micro : les sénateurs progressistes Bernie Sanders (lundi) et Elizabeth Warren (mercredi), l’ancien président Bill Clinton (mardi) et l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton (mercredi).

Le discours de Joe Biden ? Il acceptera sa nomination le dernier soir, jeudi, depuis son État du Delaware.