Ghislaine Maxwell se liait d’amitié avec des jeunes filles mineures. Elle les emmenait magasiner, les invitait au cinéma et gagnait leur confiance avant de les livrer à son partenaire Jeffrey Epstein, qui leur demandait des gestes sexuels. Elle « tentait alors de banaliser les agressions sexuelles », par ses mots, sa présence ou sa participation aux actes illégaux. C’est ce qu’allègue l’acte d’accusation contre la femme de 58 ans, arrêtée par le FBI jeudi au New Hampshire.

Ghislaine Maxwell fait face à six chefs, notamment d’incitation de mineur à voyager pour des actes sexuels illégaux qu’aurait commis son compagnon pendant plusieurs années, Jeffrey Epstein. Ce dernier s’est suicidé il y a près d’un an, alors qu’il était incarcéré en attente d’un procès pour trafic sexuel.

Si elle est jugée coupable, elle pourrait passer plusieurs années en prison.

Fille de l’ex-magnat Robert Maxwell, décrite comme une personnalité mondaine britannique, Ghislaine Maxwell était dans la ligne de mire du département de la Justice aux États-Unis, qui avait promis de poursuivre son enquête sur d’éventuels complices après la mort d’Epstein. Des victimes présumées avaient dénoncé le rôle de la femme dans les agressions et certaines avaient lancé des poursuites civiles. Elle a toujours nié les allégations.

Le prince Andrew dans l’embarras

L’arrestation de Jeffrey Epstein, financier new-yorkais bien connu dans les hautes sphères politiques et mondaines, tant en Europe qu’aux États-Unis, avait causé bien des suppositions sur de possibles complices haut placés. Son suicide par pendaison en août dernier avait nourri les théories du complot.

PHOTO LINDSEY PARNABY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le prince Andrew, duc d’York, se retrouve une nouvelle fois au centre d’une histoire de relations sexuelles avec une mineure, maintenant que Ghislaine Maxwell, une proche de Jeffrey Epstein, ait été arrêtée jeudi.

Une femme avait affirmé l’an dernier avoir été contrainte par Jeffrey Epstein à avoir des relations sexuelles avec le prince Andrew, alors qu’elle avait 17 ans. Une photo de l’époque montre le duc d’York tenant la jeune fille par la taille, Ghislaine Maxwell un peu en retrait derrière eux. Le prince Andrew avait nié les allégations de la femme, mais se retrouve une nouvelle fois au premier plan maintenant qu’une proche de Jeffrey Epstein a été arrêtée.

« Nous serions ravis que le prince Andrew vienne nous parler, nous aimerions pouvoir profiter de ses déclarations », a dit la procureure fédérale de Manhattan Audrey Strauss. Les enquêteurs new-yorkais ont accusé récemment le fils de la reine Élisabeth II de « faire semblant » de vouloir coopérer, a-t-elle ajouté.

Trois victimes présumées citées

Trois victimes présumées sont citées dans l’acte d’accusation contre Ghislaine Maxwell pour des évènements qui se seraient produits de 1994 à 1997, soit avant les actes pour lesquels Jeffrey Epstein avait été inculpé en juillet 2019, qui, eux, dataient du début des années 2000. L’accusée avait alors une relation intime avec lui et administrait certaines de ses propriétés.

Ghislaine Maxwell a assisté aux agressions de filles mineures par Jeffrey Epstein, les a facilitées et y a contribué, peut-on lire dans l’acte d’accusation rendu public jeudi.

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Jeffrey Epstein, financier new-yorkais bien connu dans les hautes sphères politiques et mondaines, s’est suicidé il y a près d’un an, alors qu’il était incarcéré en attente d’un procès pour trafic sexuel.

Elle savait que les filles, dont au moins une n’avait que 14 ans, se feraient demander des actes sexuels – souvent dans le cadre de massages – et qu’elles avaient moins de 18 ans, selon l’accusation.

« En plus, dans un effort pour cacher ses crimes, Maxwell a menti de façon répétée lorsqu’elle était questionnée sur sa conduite, y compris pour des questions en relation avec certaines victimes mineures décrites ici, lorsqu’elle témoignait sous serment en 2016 », lit-on.

Elle a d’ailleurs été accusée de parjure.

Dans une conférence de presse, la procureure fédérale de Manhattan Audrey Strauss a salué le courage des femmes qui ont accepté de témoigner.

— Avec l’Agence France-Presse