(Washington) Les hauts responsables sanitaires américains ont appelé mardi les Américains, en particulier les jeunes, à se couvrir le visage et à éviter les foules afin d’endiguer la pandémie de COVID-19 devenue hors de contrôle dans une partie des États-Unis.

Quatre médecins à la tête des grands organismes de santé américains ont témoigné mardi devant des sénateurs stupéfaits de voir la courbe des cas repartir dans plus de la moitié des États-Unis, alors que l’Europe a réussi à prendre le contrôle du virus.

Le docteur Anthony Fauci, qui dirige l’Institut des maladies infectieuses, a livré une prédiction sinistre : de 40 000 nouveaux cas détectés par jour actuellement, la pandémie pourrait bondir à 100 000.

« Il est évident que nous n’avons pas le contrôle total actuellement », a insisté le docteur, membre de la cellule de crise présidentielle sur le coronavirus, et dont la parole est la plus libre.

« Je ne serais pas surpris si nous atteignions 100 000 par jour si on ne renverse pas la tendance », a-t-il ajouté. Au pire du printemps, le compteur était aux environs de 30 000 cas par jour. La plus grande disponibilité des tests de dépistage n’explique pas à elle seule la hausse actuelle.

Le docteur Fauci a déploré le « tout ou rien » pratiqué par nombre d’Américains : soit complètement confinés, soit « dans les bars, sans masques, sans éviter les foules, sans pratiquer la distanciation physique ».

« Nous avons tous un rôle à jouer », a-t-il insisté en dénonçant les jeunes qui se sentent « invulnérables ». « Une personne contaminée peut ne pas avoir de symptômes, mais elle peut contaminer quelqu’un d’autre », dit-il, comme une grand-mère ou un enfant atteint de leucémie.

Le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, a lancé un appel aux « millennials » (nés après 1980) et à la génération Z, la suivante. « Je demande à ceux qui écoutent de passer le message », a-t-il dit.

29 des 55 États et territoires américains voient aujourd’hui la courbe des nouveaux cas monter, selon lui. Les hospitalisations dues au coronavirus augmentent dans 12 États.

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Le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield.

Rentrée des classes

Le masque est non négociable, ont-ils répété. « Malheureusement, cette pratique simple pouvant sauver des vies se retrouve dans un débat politique selon lequel, si on soutient Trump, on ne porte pas de masque, mais si on est contre Trump, on en met un », a dit le sénateur Lamar Alexander, un républicain.

« C’est pourquoi j’ai proposé que le président porte un masque de temps en temps, même si ce n’est pas nécessaire pour lui la plupart du temps. Le président a beaucoup d’admirateurs, ils suivraient son exemple », a-t-il poursuivi.

Joe Biden, candidat démocrate à l’élection présidentielle de novembre, a éreinté la gestion de la crise par Donald Trump dans un discours mardi.

Les Américains « n’ont pas fait tous ces sacrifices pour que vous ignoriez la science et fassiez de mesures responsables comme le port du masque des déclarations politiques », a-t-il déclaré.

De plus en plus de villes et d’États ont décrété une pause dans leurs processus de réouverture, certains fermant bars et cinémas, d’autres les plages, tandis que porter un masque dans les espaces publics fermés est devenu obligatoire dans de multiples endroits.

Ne pas porter de masque à Miami Beach, y compris dans la rue, coûte désormais 50 dollars aux contrevenants.

Tous les feux d’artifices du 4 juillet, la fête nationale, ont été annulés dans le sud de la Floride.  

La question de la rentrée des classes, d’ordinaire au mois d’août aux États-Unis, se pose aussi.  L’Arizona, qui a un foyer très actif de contagions, l’a décalée de début août au 17 août.

Mais l’expérience de l’enseignement à distance ces derniers mois est universellement perçue comme négative pour les enfants, en particulier les plus défavorisés, avec des risques clairs de décrochage.  

« Je crois fermement que nous devons faire tout le possible pour faire revenir nos enfants à l’école », a dit Anthony Fauci, en prévenant que cela devra dépendre de la situation épidémique locale.

L’Académie américaine de pédiatrie a pris position la semaine dernière pour que la priorité soit donnée « à l’objectif de faire revenir les élèves physiquement à l’école ».