Jose Cardenas, 27 ans, participe chaque semaine aux manifestations antiracistes dans sa ville de Kennewick, dans l’État de Washington, depuis la mort de George Floyd. Ayant constaté que le Ku Klux Klan ne figurait pas sur la liste américaine des entités terroristes, il a décidé de lancer une pétition en ligne il y a deux semaines.

Jeudi matin, elle comptait plus de 1,7 million de signatures.

« J’espère qu’arriver à faire déclarer le KKK organisation terroriste pourrait être un début pour défaire les groupes de suprémacistes blancs, qu’ils y pensent à deux fois avant de faire certains gestes, comme agiter le drapeau confédéré », a expliqué à La Presse M. Cardenas. Il compte remettre la pétition, hébergée sur Change.org, au Bureau de lutte contre le terrorisme, au département de la Sécurité intérieure et à Mike Pompeo, secrétaire d’État.

Le Ku Klux Klan, plus vieux groupe haineux connu aux États-Unis, est considéré comme une organisation à l’idéologie extrémiste. Seuls les groupes étrangers peuvent être déclarés organisations terroristes par le gouvernement pour l’instant.

« Actuellement, selon la définition du département de la Sécurité intérieure, il n’y a qu’une désignation possible pour les groupes ayant une idéologie violente extrémiste motivée par la race », a indiqué à La Presse David Cunningham, auteur du livre Klansville U. S. A. « Ainsi, tout groupe commettant des actions violentes liées aux questions raciales est traité de la même façon. C’est pour cette raison qu’historiquement, le gouvernement [américain] a pu considérer le Black Power dans les années 60 ou d’autres groupes composés d’activistes défendant l’identité noire [comme appartenant à la même catégorie]. »

Ce qui fait que les actions des gens de couleur qui tentent de défendre leurs droits se retrouvent dans la même catégorie que le KKK.

David Cunningham, auteur du livre Klansville U. S. A.

Il est difficile d’évaluer le nombre exact des membres actuels du Ku Klux Klan, qui a été particulièrement actif dans les États du Sud dans les années 50 et 60. Ils pourraient être quelques milliers, avance M. Cunningham.

Il y a deux semaines, un homme de 36 ans s’est présenté comme un leader du Ku Klux Klan, qui n’est pas un groupe centralisé, après avoir foncé sur des manifestants dénonçant le racisme systémique en Virginie.

Peu importent ses actions actuelles, l’organisation continue de hanter les communautés, ne serait-ce que par le souvenir de ses lynchages d’Afro-Américains, ses menaces, ses croix enflammées et ses capuchons coniques blancs.

Effets antiracistes à long terme

Malgré l’improbabilité de faire ajouter le KKK à la liste des organisations terroristes, Jose Cardenas espère que sa pétition aura un impact.

Ce n’est qu’une petite pièce du puzzle, il ne faut pas perdre de vue l’objectif plus grand de démanteler un système raciste.

Jose Cardenas, 36 ans, à l’origine de la pétition

La question du racisme le touche particulièrement. « Comme homme hispanique, j’ai grandi en sachant que je devais faire attention », raconte le tuteur et travailleur autonome.

M. Cunningham estime que le Ku Klux Klan est un symbole fort, une organisation qui a imprimé sa marque dans la société.

« Encore aujourd’hui, on en voit l’impact, estime le sociologue. Dans les communautés où le KKK avait une forte présence, on remarque encore des taux plus élevés d’homicides et de crimes violents, et un fort clivage. »

Et au Canada ?

Au Canada non plus, le Ku Klux Klan ne figure pas sur la liste des entités terroristes reconnues. Il n’est pas exclu qu’il le soit un jour, même si la porte-parole de la Sécurité publique a indiqué à La Presse ne pas pouvoir divulguer quels groupes sont actuellement à l’étude. « […] l’évaluation des entités qui participent à toute forme d’extrémismes violents ou qui appuient ces actes est en cours », a répondu dans un courriel Zarah Malik, des relations avec les médias. « Les représentants du gouvernement continuent de suivre l’évolution des entités qui doivent être ajoutées à la liste. Pour ce faire, une quantité suffisante de preuves doit d’abord être présente afin de répondre à un seuil de critères conformément au Code criminel. » Une Canadienne a d’ailleurs lancé une pétition en ligne s’adressant à Justin Trudeau à ce sujet la semaine dernière. Jeudi matin, elle avait récolté plus de 500 signatures.