(Miami Beach) Le nombre de cas recensés de coronavirus atteint des niveaux record en Floride, où de nombreux touristes profitent pourtant de nouveau des plages et des hôtels, avec seul un lointain souvenir du confinement, et pour beaucoup, sans porter de masque ou respecter les règles de distanciation sociale.

Cet État du sud-est des États-Unis rouvre peu à peu son économie, dont la survie dépend désespérément du tourisme. En pleine année électorale, la Floride est un État clé pour remporter l’élection présidentielle en novembre.

Le défi : trouver un équilibre entre les mesures de santé publique et la nécessité de sauver des emplois.

Lundi et mardi, le « Sunshine State » a enregistré plus de 2500 nouveaux cas de coronavirus chaque jour. Au total, plus de 82 700 personnes ont été déclarées positives dans l’État, selon les autorités sanitaires, et plus de 3000 personnes sont mortes.  

La proportion de tests positifs a atteint plus de 10 %, contre 5,5 % la semaine précédente.

Mais beaucoup en ont assez d’entendre parler de pandémie, et des tensions surviennent entre les porteurs de masques et ceux qui s’y opposent.  

« Ce n’est pas facile », explique Kathia Joseph, propriétaire de la boulangerie française Blue Paris à Miami Beach. « Nous devons être derrière eux, leur demander de porter des masques. Certains ne le prennent pas bien du tout ».

Dans la rue, un homme discute avec son chauffeur Uber car il refuse de monter dans le véhicule avec un masque. Sur la plage, un groupe de jeunes fêtards prend à parti l’un des « ambassadeurs de la distanciation sociale », employé par la ville.

Selon la propriétaire de la boulangerie, seule la moitié de ses clients se plient aux règles. Une proportion que constate aussi Diane, 60 ans, qui a voyagé en voiture depuis le Texas pour profiter du sable fin.

« On dirait que les gens veulent juste reprendre leur vie et sont décidés à en assumer le risque », dit-elle, avant de prendre un bain de mer, masque chirurgical sur le visage.

Doser le risque

Consciente de ces tensions, le maire de Miami Beach, Dan Gelber, affirme qu’il « ne s’agit pas d’éliminer le risque, mais de le contrôler ».  

« Même si nous ne pouvons pas obliger 100 % des gens à respecter les règles, si la majorité le fait, nous réduirons déjà considérablement la transmission du virus et sauverons des vies », a-t-il déclaré à l’AFP.

La crise économique est un coup dur pour Miami Beach et ses 93 000 habitants. Sept millions de touristes s’y rendaient chaque année avant la crise. Trois millions et demi de dollars sont perdus chaque semaine, selon le bureau du maire.

Citant la stabilité du nombre d’hospitalisations et de décès, les autorités attribuent la hausse du nombre de cas à l’augmentation des tests de dépistage du virus, qui sont désormais effectués gratuitement et très largement dans toute la Floride.

Mais pour beaucoup, le nombre croissant de tests n’explique pas à lui seul autant de résultats positifs. Sont pointées du doigt : la réouverture qui a commencé en mai, et les manifestations antiracistes des trois dernières semaines.

Pour Dan Gelber, les hôpitaux ont la capacité de gérer une augmentation du nombre de cas, même s’il compte sur le traçage des personnes ayant été en contact avec les malades pour éviter une situation extrême.

Balle dans le pied

Plus au nord, à Tampa, malgré la réouverture autorisée pour la majorité des établissements (à capacité réduite), plusieurs bars et restaurants ont dû refermer ces derniers jours car certains de leurs employés se sont trouvés contaminés.

« Nous n’allons pas fermer ; nous allons aller de l’avant », a déclaré mardi le gouverneur républicain Ron DeSantis, un allié de Donald Trump.

« Nous continuerons de recommander à la population âgée de pratiquer la distanciation sociale et d’éviter les foules », a-t-il poursuivi.

La semaine dernière, le gouverneur a offert au président américain de célébrer sa nomination attendue comme candidat à sa réélection, lors de la convention républicaine, dans la ville de Jacksonville, dans le nord-est de l’État.  

Ron DeSantis « s’est tiré une balle dans le pied », a déclaré Aileen Marty, une experte en pandémie de l’Université internationale de Floride (FIU), à Politico.

« Il pense que minimiser la menace que constitue le virus aide l’économie », a-t-elle poursuivi. « Mais cela va avoir l’effet inverse parce que si les gens ne comprennent pas à quel point ce virus est dangereux, ils agiront de manière irresponsable. »